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L'élan brisé du chat noir

04 oct. 2008, 06:57

Il passait pour un grand chat noir. Une incroyable machine à sauter, d'une souplesse de félin, l'audace et l'insolence en plus. Cet enfant des favelas s'appelait Moacyr Barbosa. Il avait 29 ans en cet été 1950 et, avec lui dans les buts, le Brésil ne pouvait pas perdre «sa» Coupe du monde. Celle pour laquelle le pays s'était permis toutes les folies, y compris celle d'ériger le stade le plus démesuré qui soit, ce Maracana apte à accueillir plus de 180.000 spectateurs.

De fait, ils sont sans doute plus près de 250.000 à se serrer dans ses travées ce 16 juillet qui doit surpasser tout ce que Rio a connu en matière de folie carnavalesque. Pour les 140 millions de Brésiliens, rien, et surtout pas le petit voisin uruguayen, dernier adversaire sur la route de la «Seleçao», ne peut l'empêcher de triompher.

On connaît la suite. A dix minutes de la fin, le ballon gicle au fond du but. Une fois de trop. La fête promise se mue en deuil national. Pour Barbosa, plus rien ne sera comme avant. De héros national, il devient paria. Rejeté de tous, élan et carrière brisés. Sa mort, le 7 avril 2000, fit quelques lignes dans la presse brésilienne, note Christian Montaignac, chroniqueur à «L'Equipe». C'est à lui qu'on doit ce portrait de maudit du sport. Dans «Etoiles fuyantes», paru en 2004, il en brosse onze: champions oubliés, qu'un échec, un coup du sort, un accident – bref, la vie – ont meurtris à jamais. A l'heure où l'on ne jure que par les stars triomphantes et richissimes, la lecture de ces textes provoque une réflexion bienvenue sur la destinée humaine.

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