Fermetures de classes. Oui, des classes seront fermées, admet le Decs (Département de l'éducation, de la culture et des sports): 37 à l'école obligatoire. Mais ces fermetures sont aussi dues à la baisse de la démographie scolaire. «Nous allons perdre 1000 élèves ces cinq prochaines années», prévient Jean-Claude Marguet, chef du Service de l'enseignement obligatoire. Dans les lycées (où les effectifs sont en hausse), on ne ferme aucune classe, mais on renonce à en ouvrir de nouvelles. Idem en formation professionnelle, où l'on sacrifie les classes de polymécaniciens et les formations «santé-social» à plein temps. «Une grave péjoration des conditions de travail», commente Michel Gindrat du SSP.
Moyenne en hausse. Corollaire de ce qui précède, la taille des classes va croître: 18,56 élèves par classe en primaire (+0,65), 19,14 au secondaire 1. Dans un lycée, une classe de matu gymnasiale passera de 20 à 21 étudiants. Economies estimées: 2,2 millions dans l'enseignement obligatoire (soit 45% de la facture totale, les 55% restants étant pris en charge par les communes... qui feront aussi des économies!). Pour les lycées, la hausse des effectifs équivaut à une économie de 2,8 millions.
Quels effets? Sylvie Perrinjaquet insiste: aucun collège ne sera fermé. Aucun enseignant nommé ne sera licencié. Plus exposés, en revanche, les gens sous contrat de droit privé - et qui occupent souvent des postes à temps très partiel, dont certains vont disparaître. Pour le SSP, cela va accroître «la pénibilité du travail d'enseignant». Surtout que le Decs prévoit des réductions ou des diminutions de décharges ou de dédoublements d'heures. «Comme il peut y avoir cumul, on arrive, pour un prof de lycée, à une augmentation de 10% de la masse de travail», s'emporte le syndicat.
Salaires. Si l'exercice d'économies est spécialement ardu à l'Education, c'est parce que les charges salariales pèsent lourd: 70% pour l'ensemble du département, 94% même à l'Enseignement obligatoire. Or, ces charges sont supérieures de 3,63% par rapport au budget 2006. «C'est le montant que nous avons retenu, compte tenu des résultats des négociations entre partenaires sociaux. Si c'est plus, il faudra trouver encore d'autres économies», note Sylvie Perrinjaquet. Ce qui fait bondir Michel Gindrat et Daniel Ziegler, président du SSP-Région Neuchâtel: «Ce que le Conseil d'Etat lâche d'une main, il le reprend de l'autre.» Et encore faut-il s'entendre sur le sens des mots: «Il présente comme une augmentation ce qui est en réalité un allégement des retenues salariales.» Pire, à leurs yeux, les mesures prises par le Decs l'ont été sans négociations. «Nous avons simplement été informés». Pour Michel Gindrat, la «seule solution qui reste, c'est de manifester, de faire grève, pour voir comment on peut infléchir le Conseil d'Etat.» Motif supplémentaire d'inquiétude - de part et d'autre: «Nous devons réaliser une économie de 10%, nous ne sommes pas encore dans la cible», reconnaît la conseillère d'Etat.
Retraites anticipées. Si le projet actuellement en discussion de retraites anticipées (dès 58 ans) entre en vigueur fin janvier 2007, des postes d'enseignants pourraient se libérer à la fin du premier semestre. Mais cela remettrait en question les décharges pour raison d'âge, prévient le Decs. Les syndicalistes trouvent «douteux» de lier les deux. «De toute façon, le Conseil d'Etat a une calculette à la place des yeux.» /SDX