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«J’admire la facilité avec laquelle les enfants ont relevé la tête»: la chronique d’une enseignante neuchâteloise

Enseignante dans une classe de Harmos 3 à Neuchâtel, Myriam Facchinetti tire son chapeau aux écoliers dans sa dernière chronique pour «ArcInfo».

02 juin 2020, 18:17
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Ma chronique tire aujourd’hui sa révérence. Je suis saisie par l’émotion…

Au début de cette aventure, le 19 mars 2020, à peine un jour après la fermeture officielle des écoles, c’est l’angoisse qui étreignait mon cœur. J’ai eu alors besoin d’exorciser par l’écriture ma peur face à cet enseignement amputé, de déverser ici ma tristesse et mes doutes. Au fond de moi, j’avais aussi un souhait non dissimulé de pouvoir présenter une fenêtre différente de l’école d’aujourd’hui. Mon école, celle que je chéris, celle qui fait ma fierté.

Accepter les compliments

J’enseigne depuis 20 ans, et j’ai souvent eu la fâcheuse tendance à ne tenir compte que des critiques qui m’étaient indirectement adressées. J’ai été maintes fois blessée par le discours sans pitié de ceux qui déconsidèrent sans cesse ma profession, ceux qui ne voient en mon métier que des semaines de vacances bien rémunérées. J’ai très souvent eu mal. Mais j’ai toujours gardé foi en ma vocation et en mon rôle que je crois primordial dans la vie des élèves qui ont traversé ma classe, années après années.

Ma première chronique et toutes celles qui ont suivi ont fait de moi une autre personne. J’ai appris, semaine après semaine, à accepter les compliments, à rougir des nombreux messages de félicitations, à chérir l’instant où enfin, la population confinée et meurtrie a su estimer que les enseignants étaient essentiels et importants dans la vie d’un enfant, que celui-ci vienne d’un pays lointain ou de Suisse, qu’il soit issu d’un milieu social aisé ou très modeste.

Héros du confinement

Ma détermination à redonner une image positive de ma profession a enfin trouvé un écho favorable, de l’écoute, de la compréhension.
Oui, être enseignant aujourd’hui, c’est difficile. Oui, les enfants sont différents d’il y a 20 ou 50 ans, parce que la société a changé. Mais force est de constater qu’en appuyant sur le bouton «PAUSE» durant 8 longues semaines, les mentalités ont évolué positivement, et le bras de fer qui, parfois, empêchait l’école et les familles de s’entendre, s’est transformé en solidarité tout à l’avantage de ces petits écoliers.

Ils sont les héros du confinement, ces petits êtres qui ont patiemment attendu, qui ont écouté les consignes, qui ont pleuré et qui ont ri. Ils méritent eux aussi des applaudissements aux balcons, pour avoir surmonté les caprices de ce satané virus, plus petit qu’une puce.
Je les admire aujourd’hui. J’admire la facilité avec laquelle ils ont relevé la tête. C’est grâce à eux que j’aime mon métier.

Je les aime, vraiment et simplement.

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