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Infirmière sans avoir de matu

Le ceff de Saint-Imier propose une filière en soins infirmiers de niveau ES, unique en son genre. Cette formation permet l’accès au métier d’infirmier.ère sans maturité. Une opportunité saisie par une ancienne apprentie.

18 févr. 2020, 05:30
C’est grâce à un premier apprentissage que Cynthia Allimann a pu accéder à la formation d’infirmière.

Depuis de nombreuses années, la Suisse fait face à une grave pénurie de personnel infirmier qualifié. Pour pallier le manque de professionnels de la santé, le canton de Berne a lancé plusieurs initiatives. A commencer par la première formation francophone de Suisse en soins infirmiers de niveau école supérieure (ES), introduite en 2012.

Jusqu’ici réservée aux seuls élèves domiciliés dans le canton de Berne, ce cursus est désormais ouvert aux ressortissants des autres cantons. Une opportunité que n’a pas manqué de saisir la Jurassienne Cynthia Allimann. Sa volonté de devenir infirmière s’était heurtée jusque-là par deux fois à un obstacle incontournable: l’obtention d’une maturité (professionnelle, gymnasiale ou spécialisée), condition sine qua non pour entamer des études en soins infirmiers de niveau HES.

Un CFC suffit

Jusqu’en 2012, en Suisse romande, l’accès au métier d’infirmier.ère était strictement limité aux hautes écoles spécialisées (HES). Avec l’ouverture de la filière ES, la profession est devenue accessible aux personnes au bénéfice d’un CFC, de préférence dans la profession d’assistant.e en soins et santé communautaire (ASSC). ça tombe bien pour Cynthia Allimann, c’est exactement le diplôme qu’elle peut faire valoir. Le précieux sésame lui a permis d’intégrer la première volée d’étudiants en soins infirmiers ouverte à tous les ressortissants de Suisse, et non plus aux seuls Bernois. Elle est composée de 38 élèves aux provenances diverses. «Il y a des Genevois, des Fribourgeois, des Jurassiens et beaucoup de Neuchâtelois», détaille la citoyenne de Courrendlin.

Deux approches du métier

Cynthia Allimann est bien placée pour tirer un parallèle entre les profils, complémentaires, des infirmier.ère.s ES et leurs homologues formés en HES. Sa sœur suit une telle formation. «En HES, l’importance est mise sur la recherche scientifique. Le cursus ES, lui, est davantage orienté vers la pratique. Sur les trois années de formation, nous alternons six mois de théorie en école et six mois de pratique de soins, fractionnés en deux stages de trois mois chacun que ce soit dans un hôpital, les soins à domicile, en EMS ainsi qu’en psychiatrie. Après un premier semestre en école, ponctué d’examens, je viens de commencer un stage au Centre hospitalier biennois.»

La Jurassienne observe que sa formation est méconnue en Suisse romande. Il en faudrait plus pour couper l’élan de la jeune femme de 21 ans, habituée à agir en précurseur. « Il y a dix ans, le métier d’assistant en soins et santé communautaire était peu connu également. On ne savait pas trop à quoi il correspondait, quelles étaient les tâches à attribuer aux personnes qui exerçaient cette profession. Il en va de même, aujourd’hui, avec la formation d’infirmier.ère ES.»

Pénurie latente

Sans l’opportunité offerte aux détenteurs d’un CFC de se former en soins infirmiers au Centre de formation professionnelle Berne francophone (ceff) de Saint-Imier, Cynthia Allimann n’aurait jamais pu accéder au métier d’infirmière. La pertinence de cette formation ES, qui s’est développée à la satisfaction des institutions régionales et a contribué à une augmentation marquée du nombre de diplômes en soins infirmiers, n’a pas encore permis de couvrir les besoins en personnel, demeurés très élevés dans le domaine de la santé, à tous les niveaux de formation.

Nicole Hager

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