Genève prête à ouvrir des classes à Neuchâtel

Une unité d'enseignement de la Haute Ecole de musique de Genève à Neuchâtel? Pour Philippe Dinkel, directeur de l'institution de la Cité de Calvin, c'est tout à fait possible. De quoi rassurer les musiciens neuchâtelois à trois jours du débat au Grand Conseil, qui pourrait sceller le sort des classes professionnelles. La Haute Ecole de musique de Genève est ouverte à la création d'unités d'enseignement professionnel décentralisées à Neuchâtel. Son directeur, Philippe Dinkel, qui préside aussi le conseil de domaine musique - encore provisoire - de la Haute Ecole spécialisée de Suisse occidentale, confirme qu'une demande préalable de discussion a eu lieu. «Sylvie Perrinjaquet a écrit à Charles Beer, conseiller d'Etat genevois en charge du dossier», précise-t-il. De son côté, il attend un «feu vert» du Grand Conseil neuchâtelois pour entamer des travaux concrets en vue de conclure une convention. Que le Conseil d'Etat neuchâtelois ne souhaite plus, si l'on se réfère au rapport qu'il soumet mardi au législatif...

27 janv. 2008, 12:00

A Genève, Philippe Dinkel se garde bien de commenter ce point de vue. Il soutient en revanche que le futur domaine musique de Suisse romande sera articulé autour des établissements de Genève et Lausanne, tous deux accrédités HES. Et que des discussions ont lieu entre le canton de Vaud, d'une part, Fribourg et le Valais, de l'autre, pour le maintien d'un enseignement professionnel dans ces deux cantons. «Nous nous sommes concertés pour que les conditions-cadres soient les mêmes à Lausanne et à Genève, afin que les situations ne soient pas complètement différentes à quelques kilomètres de différence», précise le directeur genevois. En termes de coûts? «C'est une affaire d'appréciation politique sur le prix à payer pour le maintien d'un enseignement professionnel dans son canton. Vaud et Genève ne veulent pas supporter l'entier du coût. Il faut voir, ensuite, jusqu'où les autres cantons sont prêts à aller. Fribourg et le Valais ont clairement accepté ce principe.» Au contraire de l'exécutif neuchâtelois, qui semble trouver plus économique d'envoyer les étudiants de son canton ailleurs dans le «dispositif».

La disparition de classes professionnelles dans un canton engendre-t-elle un risque de «désertification» culturelle? De nombreux musiciens neuchâtelois le redoutent. Phlippe Dinkel apporte une réponse plus nuancée: «L'enseignement professionnel est un des vecteurs de vitalité, mais il n'est pas le seul. Il est tout aussi important de maintenir des structures de base solides. Sans oublier un orchestre professionnel apte à survivre.» Il estime aussi que Neuchâtel, comme Fribourg, par exemple, peut avoir un rôle «intéressant» à jouer en matière de classes préparatoires: «C'est un enjeu dans toute la Suisse, au vu des exigences du métier de musicien et de la concurrence, qui est désormais internationale.»

Au contraire de Fribourg, avec l'art choral, ou Sion (les cordes de l'Académie Tibor Varga), Neuchâtel n'a pas de spécialité que n'ait pas Genève. Notre interlocuteur en convient. Reste que ce canton «a une vie musicale très riche». Et qu'on peut y garantir «un minimum d'activités» qui n'obligent pas de jeunes musiciens «à prendre chaque jour le train pour pouvoir jouer avec d'autres». / SDX

Pour défendre «la musique, les arts et l?identité neuchâteloise», les musiciens défilent en silence ce matin à Neuchâtel. Dès 10h à la rue du Temple-Neuf