C’est la question qui agite les milieux de la trempette: faut-il abaisser la température de l’eau des piscines pour économiser du gaz? Certes, pour l’instant, les adeptes de la baignade ne risquent pas de claquer des dents dans l’eau glacée. Le climat très chaud de la fin mai a mis la plupart des bassins à la bonne température avant l’ouverture de la plupart des installations.

La perspective de participer au financement de la guerre en Ukraine en achetant du gaz fourni en partie par la Russie, mais aussi le souci environnemental et la hausse des prix de l'énergie, rendent cependant la gestion des piscines particulièrement complexe cette année.

Après deux années compliquées par la crise sanitaire, les exploitants ne sont pas prompts à annoncer des bassins trop frais à leurs usagers. Et de fait, le réglage d'une piscine relève plus de l'artisanat que de la science exacte.

D'ailleurs, dans le canton, les exploitants n'ont pas tous la même idée de ce qu'est la «bonne» température de l'eau, car cette notion dépend notamment de l'altitude.

Le canton de Neuchâtel compte six piscines extérieures publiques: au Nid-du-Crô à Neuchâtel, aux Combes à Boveresse, aux Mélèzes à La Chaux-de-Fonds, au Communal du Locle, à Engollon (Val-de-Ruz) et au Landeron. La piscine de Serrières, elle, n'est pas chauffée.

Quatre de ces installations utilisent des énergies fossiles, mais généralement en complément d’autres sources de chaleur. Engollon, c’est le mazout, tandis que Neuchâtel, Le Landeron et Val-de-Travers utilisent le gaz.

Piscines du Nid-du-Cro. Photo: Lucas Vuitel, archive.

Seules deux piscines sans énergie fossile

Les deux piscines les plus généreuses semblent être celles des Montagnes. Le Locle est à 23, La Chaux-de-Fonds vise les 24 degrés. Mais de fait, la température de l’eau, où que ce soit dans le canton, ne relève pas d’un mécanisme simple qu’il suffirait d’ajuster. En fonction de la météo, la température peut changer rapidement dans un sens ou dans l’autre.

Nous avons pris l’option de ne pas monter artificiellement la température du bassin au-delà de 20 à 21 degrés.

Yves Frochaux, président du conseil de fondation de la piscine du Landeron

Les deux villes des Montagnes sont aussi les seules à se passer d’énergies fossiles pour chauffer leurs bassins. Les deux patinoires sont mises à contribution: les compresseurs du système de production de glace sont utilisés comme pompes à chaleur. Au Locle, le système est complété par des panneaux solaires. A La Chaux-de-Fonds, c’est en plus la dalle de béton de la patinoire extérieure, chauffée par le soleil, qui fournit un appoint.

A Neuchâtel, qui ne chauffe qu’au gaz, la nature a fait le job cette année: le 20 mai, avant l’ouverture, Nicole Baur, conseillère communale, indiquait des mesures à 23 degrés pour le bassin olympique du Nid-du-Crô et 24 pour le bassin ludique. «Nous réévaluerons la question en fonction de la météo», promet l’élue.

Au Landeron, Yves Frochaux, président du conseil de fondation de la piscine, est l’un des rares exploitants à mentionner explicitement une mesure d’économie: «Nous avons pris l’option de ne pas monter artificiellement la température du bassin au-delà de 20 à 21 degrés». Mais il précise aussi que la piscine peut dépasser ce niveau naturellement si la météo y est favorable.

Si vous n’arrivez pas à visualiser le graphique, merci de cliquez ici.

Chauffée naturellement

Il met le doigt sur une facilité naturelle dont les montagnes ne bénéficient pas: l’eau du Landeron, captée dans le lac, est déjà chauffée par le soleil avant d’arriver dans le bassin. C’est différent de l’eau de captage utilisée en hauteur. A Val-de-Travers, Jean-Michel Messerli, directeur d’Espace Val, responsable de la piscine des Combes, expose bien le problème: «La température extérieure est plus fraîche à 750 mètres d’altitude. Il est plus difficile de faire accepter aux usagers une température plus basse de l’eau. De plus, la bise provoque une forte évaporation, ce qui nous contraint à rajouter de l’eau, forcément froide.»

L’exploitant des Combes précise que le gaz n’est utilisé que pour amener l’eau à 20 degrés. La température de confort est atteinte grâce à l’aide de panneaux solaires thermiques depuis 2005. L’utilisation du gaz représente environ 15 000 francs, soit la moitié des factures antérieures à 2005.

A Engollon, le bassin est chauffé au mazout. «Nous essayons de le maintenir à 20 degrés, mais cela dépend beaucoup de l’ensoleillement», explique Jean-Claude Brechbühler, conseiller communal à Val-de-Ruz. Le bassin dont il a la charge est le seul à pouvoir être couvert la nuit pour réduire les déperditions de chaleur. Les calculs réalisés par la commune montrent que chauffer la piscine d’un degré de plus peut représenter, selon la météo et le nombre de baigneur, un effort représentant 7% de charges en plus.

Gaz russe: la température de la plupart des piscines ne va pas baisser

La grande majorité des exploitants neuchâtelois de piscines ne prévoient pas de faire grelotter les baigneurs pour économiser du gaz.