En fait, ce malheureux coureur, porteur du dossard 338, s'est écroulé après un peu plus de 6 km de course. Selon plusieurs témoignages, il s'était déjà arrêté à plusieurs reprises durant la course. Finalement, il a été terrassé par une crise cardiaque. «Sa fille m'a expliqué qu'il ne se sentait pas bien depuis plusieurs jours, raconte Christophe Otz. Il se plaignait d'un point à la poitrine. Mercredi matin, il lui avait même dit qu'il ne prendrait pas le départ de l'étape. Finalement, il a tout de même pris le départ à Chézard. Il aimait tellement cette course, qu'il n'a pu s'empêcher d'y participer.» On connaît la tragique suite.
Ce fidèle du BCN Tour a, sans doute, été victime de sa passion pour la course à pied. Nul dit qu'un contrôle médical (lire encadré) aurait pu éviter ce malaise cardiaque de façon certaine. «Il faut juste savoir écouter son corps et faire attention à certains signes, indique Christophe Otz. J'ai déjà perdu un copain de la même façon.»
Responsable de la sécurité de la boucle neuchâteloise, Ludovic Fahrni insiste aussi sur la prévention. «Si un concurrent ne se sent pas bien ou a des doutes sur son état de santé, il peut venir vers nous ou vers les samaritains pour demander des conseils ou des soins, précise-t-il. Cette démarche doit être volontaire. Nous ne pouvons pas aller vers chaque concurrent pour lui demander son état de santé.»
Il est aussi hors de question d'exiger un certificat médical d'aptitude au sport pour chaque participant, comme cela se fait en France. «Cela n'existe pas dans nos règlements» précise-t-on à la Fédération suisse d'athlétisme. Cette fédération propose juste une assurance aux organisateurs. «Nous avons notre propre RC pour cinq millions, mais elle ne couvre pas ce genre de risque» indique Christophe Otz. En Suisse, la participation à une course populaire relève de la responsabilité individuelle. Chaque coureur est responsable de son état de santé. Par définition inéluctable, la fatalité devient parfois prévisible si on sait s'écouter et si on évite de trop forcer.
Concernant la difficulté de ce BCN Tour, jugé trop sélectif par certains coureurs populaires, Christophe Otz dément: «Nous n'avons pas endurci la course. L'étape de Chézard était difficile, mais pas plus que celle de Neuchâtel que nous avons déjà disputée à deux reprises.» / JCE