«Il n'y a pas lieu de paniquer, mais il faut être vigilant», a déclaré Marc Kenis, mercredi soir à Neuchâtel. Invité par les sociétés neuchâteloises d'entomologie et des sciences naturelles, ce spécialiste des insectes a présenté ses recherches au Cabi Bioscience Switzerland, basé rue des Grillons, à Delémont. Il estime que la récente prise de conscience de ces phénomènes invasifs, en Suisse et en Europe, n'est «pas exagérée» au vu de leur impact sur d'autres continents. Les espèces animales et végétales non indigènes causent aux Etats-Unis des pertes économiques évaluées à 137 milliards de dollars par an.
Des mélanges d'espèces se sont certes toujours produits. Mais lentement, laissant à la nature le temps de s'acclimater. Or ce processus s'emballe depuis quelques années, car le développement du commerce et des transports multiplie les importations volontaires ou le plus souvent accidentelles d'animaux exotiques. En l'absence d'ennemis naturels, ceux-ci prolifèrent.
«Pour lutter contre les invasions d'insectes, il faut se concentrer sur leurs modes d'introduction», recommande Marc Kenis. Ainsi, plus de 40% des 340 espèces exotiques répertoriées en Suisse et en Autriche sont venues dans des plantes ornementales (plants, fleurs coupées, bonsaïs). Laxisme, législation insuffisante? Il faut surtout agir à l'échelle européenne, répond le biologiste, et Bruxelles commence à réglementer.
Le Cabi va étudier en détail l'impact écologique des insectes envahissants, pas encore clairement établi en Suisse. Il s'avère en revanche que plus de 40% de ces invertébrés auraient un impact économique plus ou moins important. Notamment sur les cultures, la production de bois ou le bétail. Mais de là à espérer qu'un caméléon africain débarque pour les croquer, il y a un pas que le scientifique est loin de franchir. / AXB