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En cinq lieux, une tragédie complexe et corporelle taillée dans un roman

03 sept. 2011, 12:47

Un premier lieu, c'est l'antique cité de Thèbes, livrée aux rouages d'une guerre fratricide. Etéocle et Polynice doivent s'entre-détruire. L'intègre Antigone, avec le soutien douloureux d'Ismène, s'efforce pourtant de réinventer la paix. Sous les mains de l'écrivain Antoinette Rychner, le roman «Antigone» d'Henry Bauchau se transforme en tragédie scénique. Sans substituer ses propres mots aux phrases fermes de l'original, sans toucher à la physionomie du texte, elle a su sculpter, réduire, restructurer celui-ci.

Un deuxième lieu, c'est la ville millénaire de Neuchâtel, toile de fond du début de la pièce. Avec quatre prologues simultanés, donnés dans des endroits distincts, les compagnies du Passage et de L'outil de la ressemblance superposent Thèbes et Neuchâtel, sorte d'hommage épique à la commune.

Un troisième lieu, c'est le théâtre du Passage, où le public se regroupe pour la suite du spectacle. Royaume du ténébreux Etéocle (Robert Bouvier), la grande scène est ouverte sur la nudité noire des coulisses. Les matériaux du décor sont d'une implacable dureté; le métal militaire d'un quatuor de cuivres donne une musique à la fatalité.

Un quatrième lieu, c'est l'imagination du public. Celui-ci porte un regard pluriel sur la pièce, adoptant la focalisation de l'un ou de l'autre personnage, selon le prologue suivi. Dans la confrontation, il peut choisir son camp, et se rallier par exemple à la cause légitimiste du solaire, de l'éblouissant Polynice (Sharif Andoura).

Un cinquième lieu, c'est le corps des acteurs. Le metteur en scène Robert Sandoz a pris le parti d'un jeu très physique. Il introduit des parenthèses burlesques et des effets pyrotechniques qui, sans relever de l'inflexible nécessité tragique, contrebalancent utilement le poids des paroles solennelles.

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