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Eclairage: «Ecole et famille: de nouvelles voies à explorer»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Joaquim Sieber, doctorant à l’Université de Neuchâtel et à la Haute école pédagogique de Lausanne, évoque l’école et la famille.

14 oct. 2019, 17:00
A la maison ou à l'école? L'Etat et la famille se disputent parfois l'enseignement de l'enfant.

La hausse du nombre d’enfants scolarisés à domicile interroge, alors que les législations cantonales diffèrent quant aux critères d’autorisation. Au-delà des aspects statistiques et légaux, une question sociale transparaît: à qui «appartiennent» les enfants?

Jusqu’au 18e siècle, les sociétés chrétiennes tendent plutôt à donner la responsabilité éducative aux parents, avec la vision que Dieu les équipe et leur confie des enfants avec la mission d’en prendre soin autant que de la prunelle de leurs yeux.

Mais cet idéal est mis à mal par les réalités humaines et sociales, en particulier la misère enfantine et familiale faisant suite à l’industrialisation. Pour parer à ce mal, l’école publique obligatoire est érigée au 19e siècle, avec entre autres comme objectifs de soustraire les enfants à leurs parents décadents et ignorants, afin de les instruire, de leur offrir l’égalité des chances et d’en faire des citoyens.

L’Etat se charge désormais de l’enseignement des enfants. Les échos de l’histoire se répercutent dans les discours actuels: les parents qui choisissent l’école à la maison le font par choix philosophiques, considérant que la famille est le lieu le plus propice à l’apprentissage et à l’épanouissement de l’enfant, jugeant l’école trop uniformisante, trop utilitariste.

Le Tribunal fédéral rappelle que l’école participe à l’intérêt supérieur de l’enfant.

Leurs détracteurs avancent que les parents ne peuvent pas «se substituer à une douzaine de professionnels compétents» (Jean-Claude Marguet, chef du service neuchâtelois de l’enseignement obligatoire).

Le Tribunal fédéral rappelle que l’école participe à l’intérêt supérieur de l’enfant en permettant l’égalité des chances et l’intégration dans la société par le vivre ensemble, ce que partage la conseillère d’Etat vaudoise Cesla Amarelle.

Mais les sciences de l’éducation pointent les limites du système actuel: l’égalité des chances n’est qu’illusion, le vécu scolaire de plus en plus d’enfants se solde par un échec, entre autres dû à des discriminations, des harcèlements, des violences, des enseignants indélicats, cela mettant à mal l’idéal du vivre ensemble.

L’Etat et la famille se disputent l’enseignement de l’enfant, et semblent toutes deux disposer d’arguments, mais aussi de limites. Dans un avenir proche, nous aurons certainement à redéfinir les contours des responsabilités d’apprentissages. Peut-être que de nouvelles voies méritent d’être explorées, amenant à une collaboration entre Etat et familles?

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