Le projet se présente comme une plongée dans une famille traditionnelle irradiée par la foi de la mère et l'autoritarisme du père. Les cinq fils devront tenter de trouver leur refuge dans le sport de compétition, la lecture, la drogue et l'homosexualité. C'est présenté ainsi avec très peu de nuances. Evidemment, au final, on peut aussi voir le film comme une ode à la tolérance qui fait avancer les mentalités et qui touche droit au coeur. Il faut sans doute comprendre ainsi l'immense succès public du film au Canada. Pourtant, on éprouve très peu d'empathie pour les personnages, tant ils semblent embourbés dans leurs conditions et sont très mal définis. Les seuls sourires que l'on décoche viennent du vocabulaire québécois et de quelques folkloriques «tabarnak».
En plus, le réalisateur se perd dans un récit initiatique sur les traces du Christ, tout en prêtant des dons de guérisseur au jeune homme. Il veut aussi proposer une chronique adolescente où découverte du rock et de l'herbe vont ensemble. Le récit est bancal, les images pas belles, la musique banale malgré la splendeur des années hippies qu'elle tente de décrire. On aurait juste envie de sauver la passion pathétique du père pour Aznavour, mais bon...
Jean-Marc Vallée multiplie les énormes travellings et fait preuve d'un goût immodéré pour les plans très ralentis ou très accélérés. Il pratique la cassure brusque dans le récit pour faire vieillir artificiellement ses personnages. Bref, le spleen identitaire de la jeunesse américaine a beaucoup plus de saveur chez Gus Van Sant ou Larry Clark. / ACA
Neuchâtel, Bio, 2h09