«Salut, tu me reconnais ?»
Au moment où vous entendez cette petite phrase, vous êtes déjà perdu. Parce que cette question d'apparence anodine implique que la personne qui vous la pose, elle, vous a reconnu. Or vous ne pouvez pas en dire autant. Tout en souriant bêtement à ce visage qui ne vous dit rien, vous vous lancez dans un effort de mémoire aussi intense que désespéré.
En général, si vous ne vous rappelez pas votre interlocuteur, c'est qu'il ne vous a pas beaucoup marqué. Peut-être un ancien camarade d'étude chiant à qui vous n'aviez déjà pas grand-chose à dire à l'époque. Alors dix ans plus tard
Mais ça, encore, ce n'est pas trop grave. Non. Le pire, c'est de vous retrouver face à quelqu'un qui vous avait tellement marqué que votre cerveau l'a effacé exprès. Par exemple la fille (ou le garçon) dont vous étiez secrètement amoureux en primaire. Vous n'aviez évidemment jamais osé le lui dire, mais quelqu'un l'avait découvert et charitablement dévoilé à toute la classe. Et vous voilà replongé d'un coup dans cet agréable souvenir comme dans un bain d'eau glacée.
La prochaine fois que quelqu'un vous demandera si vous le reconnaissez, vous feriez donc mieux de lui dire non. Et de déguerpir au plus vite.
