Le débat sera probablement un peu confus. Malgré les images qu'on revoit aujourd'hui de l'accident de 1986, le nucléaire n'effraie pas vraiment. On fait confiance à la sécurité de nos installations, en oubliant qu'une quinzaine de réacteurs de type Tchernobyl sont encore en activité en Russie.
Quant aux énergies renouvelables, on s'est habitué à n'y voir qu'un appoint possible, marginal et cher. Mais la situation peut évoluer plus vite que prévu, notamment parce que des considérations économiques, encore floues, commencent à apparaître. Le renouvelable est-il si cher et, si oui, pourquoi? A voir les milliards investis pour les centaines de parcs éoliens planifiés sur les côtes de l'Europe et en mer, on devrait se dire que le rendement est peut-être intéressant. D'autant que le vent est une ressource inépuisable, contrairement au pétrole ou au plutonium. Mais il a fallu des décisions politiques et économiques. Rien n'empêche de penser que les énergies solaire et géothermique, également inépuisables, suivront un développement analogue. L'obstacle tient à une sorte d'inertie mondiale: alors qu'on parle, depuis un demi-siècle, de ressources pétrolières limitées et polluantes, les voitures roulent toujours à l'essence. Pour le nucléaire, les choses pourraient se tasser d'elles-mêmes. On admettra qu'une centrale, de la construction au démantèlement, de l'extraction du combustible au traitement des déchets et aux mesures de sécurité, coûte très cher. Sans parler du risque d'un accident, toujours possible, et de ses effets. En Suisse, on n'en construira certainement plus. Il faut donc, qu'on le veuille ou non, se lancer rapidement dans le renouvelable, même si des centrales à gaz peuvent faire l'appoint temporairement. / FNu