Ce n'est pas la dernière qui sonne, mais l'avant-dernière qui grésille pour Université. La défaite de Györ à Szeged a clarifié la donne. Les Neuchâteloises ne sont plus qu'à une victoire de la qualification pour les seizièmes de finale de l'Eurocup.
Paradoxalement, elles se retrouvent dans une inconfortable position de force. Les deux matches contre Szeged sont derrière, elles n'affronteront que des adversaires qu'elles ont déjà battus, mais ces ultimes passes d'armes se feront en déplacement. En basket, cela ne change pas forcément tout. Mais ça peut. Même si le parquet reste en bois, le ballon rond et les paniers suspendus à 3m05. Arbitrage partial, manque de repères dans la salle, hostilité du public, fatigue et stress du voyage, les éléments contraires sont nombreux, qui affaiblissent les unes et renforcent les autres.
«A part Szeged, aucune équipe du groupe n'a encore gagné en déplacement», relève Thibaut Petit. «Celle qui y parviendra fera un grand pas vers la qualification. Mais je me fiche bien se savoir où l'on joue et contre qui. Ce qui me préoccupe, c'est mon équipe. C'est le nous.» Le coach est en colère. «Contre Szeged et Sierre, on vient de prendre deux leçons de basket. On doit réagir. Je veux voir un vrai collectif, pas un tas d'individualités. Une envie de bien faire. Des filles qui rejouent à leur niveau et font preuve de caractère. Sur le plan offensif, je veux voir une autre Sophie Charlier et une autre Emily Florence.»
Le Belge bouillonne. «J'ai la rage. Les filles et moi ne sommes plus sur la même longueur d'onde. Mais c'est moi qui décide et je veux voir autre chose. Je vais les faire bosser. On est déjà passé de trois à quatre entraînements par jour (réd: individuels, collectifs et musculation), on passera à cinq. Plus une séance le dimanche matin. Si elles veulent un jour de congé, elles devront aller le chercher. Je ne vais plus le leur donner, c'est une certitude. On est dans le dur et seul le travail peut nous sortir de là. Il reste cinq semaines avant Noël. S'il y a une tricheuse dans le groupe, elle ne reviendra pas en janvier. Peu importe son nom.»
Remonté comme un coucou suisse, Thibaut Petit remet les pendules à l'heure. «Il est temps d'arrêter de parler et de jouer. Le groupe s'est bien entraîné lundi et mardi. Mais je veux voir cet état d'esprit jusqu'à Noël. J'adore mon équipe, mais aujourd'hui, je ne suis pas d'accord avec elle. Si les filles sont satisfaites avec deux victoires en Coupe d'Europe et un six sur sept en championnat, moi pas. Je veux aller le plus haut possible dans les objectifs que l'on s'est fixés.»
Comprenez que le coach a la rogne positive. Il ne flingue pas juste pour jouer au shérif. «J'ai confiance en tout le monde, je ne jette la pierre à personne, je sais que tout cela fait partie de l'apprentissage», souffle-t-il. «Mais je ne veux pas - comme à Sierre - avoir des regrets. Et cela passe par la volonté d'être irréprochable à l'entraînement. Je veux des sportives d'élite, des professionnelles. Je serai encore plus exigeant sur l'attitude et la manière de se battre à l'entraînement. Les défaites doivent faire progresser Neuchâtel. Le travail paiera, j'en suis sûr.» /PTU