La non-réélection de Christoph Blocher, il y a un an, a ouvert un fort champ de tensions au sein de l'UDC. Même si le parti revendique un bilan positif de son année passée dans l'opposition, il ne convainc guère. Ne sachant plus s'il doit continuer de galvaniser la partie de son électorat la plus subjuguée par ses slogans ou revenir à une concordance plus adéquate, le parti a changé trois fois d'avis, en six mois, sur un sujet aussi fondamental que la libre circulation et la voie bilatérale.
N'ayant pas résolu cette contradiction, l'UDC se prépare à la succession de Samuel Schmid dans un joyeux désordre. Avec cette question qui résume tout: le parti ira-t-il à nouveau devant le Parlement, le 10 décembre, avec l'ultimatum «Blocher ou rien»? S'il choisit cette stratégie, il restera dans l'opposition pour un bout de temps. Car c'est une certitude: le Parlement ne réélira pas l'ancien conseiller fédéral. Et il sera contraint de renforcer un autre parti, par exemple le PDC.
L'UDC le sait. Elle sait aussi qu'une part importante de ses députés et de son électorat n'est pas favorable à ce scénario. C'est toutefois l'autre partie qui tient encore les rênes du pouvoir. Mais on sent bien que l'assurance de ces gardiens du temple provient pour beaucoup de la présence de Christoph Blocher à leur tête, avec sa force de conviction, son bilan depuis vingt ans, et son argent.
Mais l'image du «vieux lion blessé assoiffé de vengeance» ne doit pas cacher une autre réalité. L'élection d'un UDC le 10 décembre, quel qu'il soit, le placera à la tête du Département de la défense. Pour ramener la politique de sécurité aux concepts traditionnels du parti dans ce domaine? Alors que l'armée est déjà tournée vers la défense intégrée au plan international? Mission impossible.
Plus généralement, que signifie la présence d'un «dur» de l'UDC dans un gouvernement confronté à des défis comme la crise financière, la pénurie énergétique ou le réchauffement climatique? La concordance n'est pas qu'un mot dont on se gargarise avant de le recracher.