Une atmosphère festive, rythmée par le tintement des verres à pied et embaumée par l’odeur des barriques… Ce vendredi 12 et samedi 13 mai, c’était caves ouvertes sur le Littoral. De nombreuses personnes sont venues déguster les vins du terroir neuchâtelois, un bracelet jaune fluo au poignet.

Cette petite touche de couleur symbolisait le passage à une formule payante. Pour la première fois, les visiteurs devaient s’acquitter de 30 francs pour participer à l’événement organisé par Neuchâtel Vins et Terroirs.

C’est bien, oui mais…

«Pour le monde viticole neuchâtelois, ces tickets sont une bonne chose. En revanche, à notre échelle, ça ne l’est pas», explique Patrick Sandoz, gérant du domaine viticole Sandoz-Vins, à Neuchâtel. Pour lui, l’entrée payante permet peut-être d’attirer un nouveau public, mais elle rebute les habitués qui constituent la clientèle principale de sa cave.

Il y a moins de monde, mais cela laisse le temps de discuter avec les gens. La dégustation est plus agréable.

Benoît de Montmollin, copropriétaire du domaine

A Auvernier, la bonne connexion du village au réseau de transports publics et les nombreuses caves assurent une fréquentation régulière. Au Domaine de Montmollin, où le flux de visiteurs est continu ce samedi, on voit cette nouvelle formule d’un bon œil.

Au Domaine de Montmollin, on a dégusté entre les cuves en inox et les barriques en bois. Photo: David Marchon

«Il y a moins de monde, mais cela laisse le temps de discuter avec les gens. La dégustation est plus agréable», se réjouit Benoît de Montmollin.

A l’entrée de la cave, sa sœur Rachel Billeter, avec qui il est copropriétaire du domaine, s’occupe des billets. «Les gens ont acheté leurs tickets en avance! J’en ai vendu peu sur place. Peut-être que mon collègue en haut de la rue s’en est chargé avant nous!»

Je passe mon temps à scanner des QR codes, c’est la cata. Je suis contre cette formule payante. Il n’y a bientôt plus rien de gratuit.

Jean-Michel Henrioud, encaveur à Auvernier

A quelques mètres de là, Jean-Michel Henrioud ne sait en effet plus où donner de la tête. «Je passe mon temps à scanner des QR codes, c’est la cata», confie-t-il.

Placé au sommet de la rue principale, c’est à lui que les visiteurs ayant acheté leur billet en ligne s’adressent pour obtenir leur bracelet. «Je suis contre cette formule payante. Il n’y a bientôt plus rien de gratuit», regrette l’encaveur.

Compréhension

Sur la terrasse de sa cave, un groupe de trentenaires découvre l’événement. Pour eux, le caractère payant d’une telle dégustation peut se justifier. «Ça m’a un peu étonné au premier abord, mais je comprends si ça sert à rémunérer les encaveurs», déclare l’un d’entre eux.

La porte n’est plus si ouverte que cela étant donné que l’entrée est payante…

Vincent, dégustateur

Un peu plus loin, Vincent se dit conquis par l’événement, mais il sourcille à l’évocation du nom. «La porte n’est plus si ouverte que cela étant donné que l’entrée est payante…»

En bas de la rue, Jonathan Beyeler fait entrer au compte-gouttes les visiteurs. Une file de plusieurs mètres s’est formée à l’entrée de sa cave. «98% des gens trouvent normal de payer, et ils jouent le jeu en achetant des bouteilles», assure-t-il. «Au départ, je n’étais pas favorable à l’idée de faire payer une entrée, mais avec du recul, c’est pas mal!»

Un service de bus?

Un constat que ne partage pas Henri Egli, encaveur à Bôle. Sa cave est peu fréquentée, faute d’accessibilité. «L’arrêt de bus le plus proche est à 500 mètres et pour venir jusqu’ici, il faut changer plusieurs fois de bus», signale-t-il.

Plus que le côté payant ou pas de la manifestation, ce caviste réclame le retour d’un bus menant les visiteurs de cave en cave.

Caves ouvertes payantes à Neuchâtel: le verre à moitié plein

Historiquement gratuites, les caves ouvertes neuchâteloises sont passées à une formule payante ce week-end. Face à cette nouveauté, l’appréciation des visiteurs et des encaveurs diverge. Reportage.