Veilleur de nuit solitaire, Koistinen (Janne Hyytiäinen) est méprisé par ses collègues qui s'irritent de son détachement souverain. Il a pour seule amie une vendeuse de hot-dogs qui officie dans une baraque. Un soir, dans un bar, un «eurocriminel» (dixit Kaurismäki) le repère et lui envoie une femme fatale. Abusé, Koistinen en tombe amoureux. Las, la belle le drogue et en profite pour dérober les clefs d'une bijouterie
N'en disons pas plus, sinon que l'auteur de «Hamlet Goes Business» (1987) tire de cet argument de «pacotille» un mélodrame d'une concision imparable, éclatant de couleurs somptueuses qui contrastent volontairement avec l'état de déréliction de ses protagonistes. Usant de son fameux tempo, dont la lenteur nous contraint à l'empathie, Kaurismäki atteint à une forme de burlesque désespérant qui touche au coeur.
Même si une étincelle d'espoir illumine la scène finale, «Les lumières du faubourg» (un titre qui fait ironiquement référence aux «Lumières de la ville» de Chaplin) réactualise la terrible phrase de Marx: «Le monde s'enfonce de plus en plus profondément dans les eaux glacées du calcul égoïste.» / VAD
Neuchâtel, Apollo 3; 1h18