On ne s'attardera pas trop sur les différences entre cantons. L'Office fédéral de la statistique indique bien que ces variations ne tiennent pas compte des différentes prestations qu'ils proposent avant l'aide sociale. En revanche, la tendance qui concerne les jeunes - de même que la précarité des familles, notamment monoparentales - est un phénomène transversal.
On s'est beaucoup penché, ces dernières années, sur le manque de places d'apprentissage. Des solutions, au moins partielles, ont été trouvées. Et tout indique que, par un creux démographique, le problème ne se posera plus de manière aiguë d'ici deux ou trois ans. Mais on en reste à des constats quantitatifs: s'il y a autant de places que de jeunes, ça doit jouer.
Or, la statistique de l'aide sociale semble montrer qu'indépendamment du parallélisme de ces chiffres, un phénomène moins facile à appréhender - donc à résoudre - se produit. Un nombre croissant de gens perdent pied dans un monde du travail et dans une société où les rapports se sont durcis. D'où l'explosion, depuis 1990, des rentes AI et de l'aide sociale.
Le monde économique ne s'en inquiète pas trop: avec l'ouverture des frontières à la libre circulation, l'embauche est à peu près garantie. Et, pour éviter des déséquilibres, on prévoit des restrictions dans l'AI, l'aide sociale et le chômage. Ce faisant, on ne répond pas directement au besoin d'assurer une formation à tous les jeunes dès 16 ans.
C'est une question de société, qui englobe l'économie. Cela vaut aussi pour les femmes seules qui, même en travaillant, n'arrivent pas à nourrir leurs enfants, au risque de les voir marginalisés - et finir à l'aide sociale. / FNu