Bambeat métisse ses sons electro

Bambeat, homme-orchestre neuchâtelois, nous livre le secret de ses sons synthétiques. Une pincée de rock, un peu de funk, et de plus en plus de jazz. Un langage métissé, toujours en mutation. Sous ses airs timides, Nicolas Bamberger, alias Bambeat, cache un univers foisonnant de sons. Ses instruments, ce sont des machines. Même s'il aime l'échange avec d'autres artistes, il se sent plus à l'aise seul sur scène. «C'est plus facile parce que je connais les machines et les synchroniser avec d'autres musiciens n'est pas évident».

22 mai 2007, 12:00

Individualisme et improvisation pourraient qualifier Bambeat, ainsi que sa musique. Lors de ses premiers concerts, rien n'était préparé, tout était improvisation. «Cela avait un côté hic et nunc, se nourrir de l'instant présent sans stress. Maintenant quand je prépare un concert, je me demande si le public va apprécier ou pas».

Pourtant, il ne faut pas trop se fier à son allure nonchalante. Il a commencé la Swiss Jazz School à Berne en 2004, ce qui lui a remis les pieds sur terre. «C'était une grosse claque! Je suis passé des critiques positives des amis à celles d'experts en musique», raconte-t-il. Une gifle qui a laissé des traces puisque le jazz influence de plus en plus sa musique, dans la manière de la percevoir, de la composer. «La musique a été et reste une échappatoire, mais maintenant elle est plus canalisée, structurée» ajoute Bambeat.

Définir son style musical s'avère difficile. «Je ne trouve pas que c'est de l'electro. J'ai une prédilection pour l'effet final, le son electro et les grosses basses. C'est un mélange de rock, funk, pop, et de plus en plus de jazz». Quant à ses textes, à l'instar de «Not Like You» diffusé sur les ondes radio, ils revendiquent un «individualisme positif»: aller contre l'effet de mode, être critique. «L'image que j'ai de la société: les gens ne sont pas critiques, ils vivent avec des idées reçues».

Si la musique électronique est linéaire et progressive, le parcours de ce mélomane l'est moins. Né à Londres, il commence très tôt le piano, suivi du violon. «J'étais poussé par ma mère surtout», précise-t-il avec un sourire. En 1991, changement de décor: départ pour la Suisse. Et dès 1997, après avoir arrêté ses cours de piano et violon, il crée ses propres morceaux électro, avec synthétiseur, machine à effets et sampler. Ce qui l'a séduit? «Le côté dansant et nouveau de l'electro. Même si c'est synthétique, il y a encore beaucoup de sons à découvrir». Puis, en riant, «et j'ai remarqué que dès qu'on met une grosse caisse et du bruit, les gens aiment».

La passion des sons, d'accord. Mais la voix dans tout ça? «Maintenant, mes compositions sont de moins en moins electro. Il y a plus de chant et des harmonies plus intéressantes». D'ailleurs, il est plus facile pour lui de se mettre dans un morceau lorsqu'il raconte une histoire. «Cela concrétise le côté abstrait de la musique».

Plutôt que le succès, ce sont ses projets qui lui font tourner la tête. Dont un trio de jazz (piano, batterie, basse), ainsi que des projets plus personnels. Préparer un set d'une heure et demie, ou encore un disque pour début 2008. Le musicien veut vivre de son art, mais «en faisant une musique que le public vient vraiment écouter». Côté scène, sept ans après ses débuts, Bambeat avoue ne pas encore avoir franchi la barrière du public. «J'ai beaucoup de peine à casser le mur entre le public et la scène. Etant plutôt timide, j'ai tendance à rester dans ma bulle». Mais il semble motivé à la percer. Qui sait, peut-être à son prochain concert agendé au 2 juin à l'Unifest de Berne. / ANC