Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Après Ammann, la relève s'apparente à un casse-tête

Quadruple champion olympique, sportif suisse de l'année, Simon Ammann est une exception dans le panorama du saut à skis helvétique. La relève est pratiquement inexistante et les infrastructures insuffisantes. La fédération cherche des solutions.

21 déc. 2010, 10:40

Les épreuves de Coupe du monde de saut à Engelberg ont mis cruellement en évidence ce week-end l'immense travail encore à accomplir pour préparer «l'après-Simon Ammann». Le Saint-Gallois reste l'arbre qui cache la forêt en Suisse, où le manque de moyens et de jeunes sauteurs demeure criant.

«En 2002, lors des deux premiers titres olympiques d'Ammann, la Suisse comptait environ 150 sauteurs. Aujourd'hui, il y en a toujours 150. On n'a pas profité de l'élan créé par les succès de Simon et par la médiatisation du saut», déplore l'ancien champion Sylvain Freiholz.

Le Vaudois dispense aujourd'hui ses connaissances aux jeunes sur de petits tremplins d'initiation dans la vallée de Joux. Mais les vocations sont rares - une vingtaine de sauteurs dans toute la Suisse romande - et les infrastructures insuffisantes.

Autrefois également dotée de «vrais» tremplins dans le Haut-Valais ou le canton de Neuchâtel, la Suisse occidentale est désormais démunie. Pour s'exercer, les jeunes doivent se rendre à Chaux-Neuve (Fr) ou Einsiedeln. La Suisse alémanique est mieux lotie, mais d'aucuns déplorent l'absence d'une filière sports-études comme il en existe à Davos pour le ski de fond ou à Brigue pour l'alpin.

Swiss-Ski compte sur Ammann pour qu'il poursuive sa carrière jusqu'en 2014 afin d'accompagner la progression des jeunes, qui ont besoin de le côtoyer, explique le chef du sport d'élite à la fédération, Dierk Beisel. Le chemin est encore long: présenté comme le futur numéro 2 après la retraite (en fin de saison) du trentenaire Andreas Küttel, Marco Grigoli n'a pas encore marqué de point en Coupe du monde et ne fait pas partie des tout meilleurs en Coupe continentale, le deuxième échelon.

Les observateurs lui prêtent cependant du talent et la volonté de réussir: «Marco a compris les exigences du haut niveau, ce qui n'est pas le cas de tous les autres», lâche le chef de discipline Bernhard Schödler. Certaines ambitions se heurtent parfois à l'école ou aux études.

Actuellement, la relève suisse s'escrime principalement en Coupe des Alpes, le 3e niveau réservé aux moins de 20 ans, obtenant quand tout va bien quelques places d'honneur (Grigoli, Adrian Schuler, Pascal Egloff...).

«Pour sortir de nouveaux champions, il nous faudrait un vivier de 500 sauteurs en Suisse», reprend Freiholz, sachant qu'il n'y a guère qu'un candidat sur dix à pouvoir percer. Mais la concurrence entre les sports, avec notamment le succès de l'alpin, rend le développement difficile.

Pour certains, le manque d'infrastructures est une excuse facile. Swiss-Ski pointe aussi du doigt l'engagement insuffisant d'anciens sauteurs dans l'encadrement - hormis Freiholz - et, parfois, le manque d'initiative dans les régions et les clubs. Même si l'association romande a donné l'exemple en embauchant en 2008 un entraîneur à plein temps (Arnaud Bousset) pour les 14-18 ans.

Ce sera peut-être le plus grand défi de Simon Ammann: favoriser, par son charisme et son soutien, l'éclosion d'un nouveau champion. Tout indique aujourd'hui que cette ambition, qui devait commencer à prendre forme lors du concours par équipes des Mondiaux d'Oslo dans deux mois, demandera plus de temps que prévu. /si

Votre publicité ici avec IMPACT_medias