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Voyage polémique de députés suisses dans une colonie en Israël

Le voyage de parlementaires suisses en Israël suscite la polémique. La délégation en question doit se rendre mardi à Maale Adumin, pour y visiter une entreprise. Problème, cette colonie se situe au-delà des frontières reconnues par la communauté internationale et la Suisse.

02 mai 2016, 20:06
La délégation composée de Claudio Zanetti (UDC), Franz Grueter (UDC), Christian Imark (UDC), Hans-Ulrich Bigler (PLR), Sebastian Frehner (UDC), Alfred Heer (UDC), Erich von Siebenthal (UDC), Ignazio Cassis (PLR) effectue une visite de 5 jours en Israël.

Les huit politiciens UDC et PLR, qui se sont envolés dimanche, appartiennent à l'intergroupe parlementaire Suisse-Israël. Dans un communiqué diffusé avant son départ, cette délégation menée par le conseiller national UDC Erich von Siebenthal annonce que son programme comprend une large palette de discussions avec des représentants politiques, économiques et culturels israéliens.

A Maale Adumim, les parlementaires helvétiques seront reçus par un des investisseurs de la société Extal, spécialisée dans le traitement de l'aluminium. Il est prévu que ce Suisse évoque les "défis posés par le projet dans un contexte politique tendu", peut-on lire dans le communiqué.

L'annonce de ce programme a fait bondir l'organisation Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS). Dans un communiqué, elle indique que cette visite dans une "colonie illégale" par une délégation parlementaire "contrevient clairement à la position officielle de la Suisse". En guise de protestation, BDS a d'ailleurs rédigé une lettre ouverte à l'attention de l'Ambassade de Suisse à Tel Aviv.

Voyage à "but informatif"

Interrogé lundi par l'ats, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n'a pas souhaité faire de commentaire. Et de renvoyer à la position officielle de la Suisse, à savoir que "les territoires contrôlés ou annexés par Israël et situés au-delà des frontières de 1967 sont occupés au sens du droit international humanitaire".

De son côté, le porte-parole de la délégation, Markus Hostettler, a expliqué que ce voyage a "un but informatif". Les parlementaires "veulent aller voir sur place la situation et se faire leur propre opinion. Ils estiment que c'est leur droit!"

"Choix maladroit"

Un avis que ne partagent pas tous les observateurs, et de loin. "Ce choix de visite est maladroit et contreproductif", commente Hasni Abidi, le directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. "Non seulement il n'apporte rien de positif au niveau des relations Suisse-Israël, mais en plus il pourrait nuire à l'image de la Suisse auprès de la Palestine et de la communauté internationale."

Le spécialiste estime que le moment est particulièrement malvenu, la première conférence internationale pour tenter de relancer le processus politique entre Israéliens et Palestiniens se tenant ce mois-ci à Paris. "Cet investisseur suisse, les parlementaires auraient pu le rencontrer ailleurs qu'à Maale Adumim", souligne Hasni Abidi.

Prudence de mise

Pour Riccardo Bocco, professeur à l'Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement (IHEID) de Genève et spécialiste du Proche-Orient, la visite de la délégation en territoire occupé s'apparente à une "prise de position publique indirecte". Or, en tant que dépositaire des Conventions de Genève, "et surtout de la quatrième", qui porte sur la question de la colonisation, la Suisse se doit d'être particulièrement prudente.

S'il ne va pas jusqu'à y voir un signe de cautionnement de l'occupation israélienne, Riccardo Bocco peine tout autant à croire à une maladresse. "Les parlementaires sont beaucoup trop bien informés et conseillés pour ça!"

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