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«Vous savez, les mennos, j'y connais pas grand-chose!»

Au téléphone, la volleyeuse Sahra Guerne-Habegger s'excuse: «Vous savez, moi, les mennos, j'y connais pas grand-chose!» Rendez-vous est néanmoins pris pour le troisième portrait de notre série estivale consacrée aux nouvelles générations de mennonites jurassiens. D'accord, la grande fille rayonnante qui débarque à notre entretien dans un tea-room des Reussilles n'évoque en rien ses coreligionnaires en chignon et longue jupe que l'on croise parfois encore dans cette vallée du Jura bernois. Jeans et baskets, bijoux discrets, le teint bronzé par deux semaines de vacances en Espagne, non vraiment, Sahra Guerne-Habegger, 26 ans, est une femme totalement en phase avec son époque.

02 août 2007, 12:00

Le temps de commander un verre d'eau et notre sportive d'élite raconte son travail qu'elle adore - assistante médicale à Tramelan - et sa passion pour le sport, ailière au Volleyball Franches-Montagnes, club de LNA dont elle fut longtemps capitaine. Elle a toutefois mis la saison dernière entre parenthèses, le temps d'épouser le hockeyeur Sacha Guerne, ancien attaquant du HC Ajoie et du HC Bienne.

Mais revenons aux parents Habegger qui se sont connus dans le groupe de jeunes mennonites de la vallée de Tavannes. Ouf! Enfin dans le vif du sujet. Mais alors qu'on s'attend à ce qu'elle nous parle d'une éducation empreinte d'austérité, la jeune femme évoque les week-ends de ski avec des parents «pas trop à cheval sur les cultes». Et si elle n'a été baptisée qu'à l'âge de 18 ans, selon le rituel de sa communauté, c'est «bêtement» parce que ses entraînements sportif, empiétaient sur «le caté».

Et on arrive aux grands-parents. «De vrais mennos, eux!» lance-t-elle en racontant avec des yeux brillants de petite fille gourmande les confitures de sa grand-mère, le pain cuit au four, la viande et les légumes de la ferme. «Quant à la tourte forêt-noire... Ma grand-mère a toujours tout fait elle-même avec des produits d'ici, ça c'est très mennonite.» Et aujourd'hui encore, un repas chez ses grands-parents ne commence jamais sans une prière et un chant à la gloire du Seigneur.

La foi tient «une place importante» dans sa vie. Avec son mari «laïc», les questions religieuses «sont un peu tabous». «Nous nous sommes mariés à l'église mais avec un pasteur protestant... c'était un terrain plus neutre»

Quant aux futurs enfants? «J'aimerais suivre l'exemple de mes parents: ils nous ont expliqué leurs convictions et ensuite nous ont laissées totalement libres de choisir...»

Le couple habite Lajoux, dans la ferme restaurée par les parents de Sacha Guerne, des Biennois qui se sont pris de passion pour les chevaux. Ben oui, les chevaux qui nous ramènent là encore aux mennonites, ces éleveurs renommés loin à la ronde qui ont fait la gloire de la race franches-montagnes. Même si Sahra avoue en riant qu'elle et les chevaux «ça fait deux», la boucle n'est-elle pas bouclée? La nature, la famille, la foi, le respect de la tradition, n'est-ce pas là les valeurs les plus fédératrices de cette communauté ancestrale? «Une vie géniale» conclut la jeune femme. /CFA

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