«C'est la victoire du peuple», «Vive la démocratie» ou «A bas la monarchie, vive la République», ont-ils scandé. De nombreux manifestants ont voulu marcher sur le palais royal en criant «Gyanendra, voleur, quitte le pays!». Mais ils ont été bloqués à 500 mètres de l'édifice par des cordons de la police antiémeute.
Dans une proclamation télévisée diffusée lundi, le souverain a accepté de rétablir le Parlement. Il a ainsi cédé après 19 jours de manifestations parfois violentes au cours desquelles les forces de l'ordre ont tué au moins quatorze personnes.
Dans son édition d'hier, le quotidien «The Himalayan» titrait sur «le triomphe du peuple». Il a rebaptisé la grande manifestation populaire «Jour de la victoire».
La vie a repris un cours presque normal dans la capitale Katmandou après plus de deux semaines de grève générale et de couvre-feu qui ont entraîné des pénuries d'essence et de denrées alimentaires. «Je suis très heureuse», a déclaré une commerçante qui a pu rouvrir son épicerie dans le centre de la capitale. «J'étais terrifiée ces derniers jours à l'idée que mon magasin soit détruit».
Après l'intervention du roi, les sept principales formations politiques ont désigné hier l'ancien premier ministre Girija Prasad Koirala, 84 ans et chef de file du Congrès népalais (NPC), plus grande formation d'opposition, pour former le prochain gouvernement. «Nous soumettrons son nom au palais royal aujourd'hui», a annoncé Madhav Kumar Nepal, leader du Parti communiste marxiste-léniniste unifié. «Une fois le gouvernement formé, un cessez-le-feu sera décrété avec les maoïstes auxquels sera retirée l'étiquette de terroristes», a-t-il ajouté. Le Parlement doit se réunir vendredi.
Les rebelles maoïstes, qui avaient conclu un accord avec les sept partis d'opposition pour le rétablissement de la démocratie, ont pour leur part jugé insuffisant le geste du roi. Ils ont annoncé le maintien du blocus de Katmandou et appelé à la poursuite du mouvement de protestation.
Leur chef, Prachanda, a estimé que les sept partis d'opposition avaient commis «une autre erreur historique». Il a exigé l'élection d'une assemblée constituante. La proclamation du roi, a-t-il dit «est une imposture et une conjuration contre le peuple népalais. Notre parti la rejette fermement».
Les rebelles et l'opposition avaient conclu en novembre 2005 une alliance informelle contre le roi Gyanendra. L'accord stipulait l'élection d'une assemblée constituante appelée à limiter les attributions du roi qui s'était arrogé les pleins pouvoirs en février 2005. / ats-afp-reuters