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Un vieil explorateur débarque dans la jungle politique belge

Chargé de démêler l'écheveau de la crise politique dans laquelle la Belgique a replongé, l'ancien premier ministre Wilfried Martens a débuté sa tâche hier.

24 déc. 2008, 04:15

Sacré Albert II! Afin de démêler l'écheveau de la crise politique dans laquelle s'est, une fois de plus, enfoncé le Plat Pays après que le «Fortisgate» eut provoqué la chute du gouvernement dirigé par Yves Leterme, vendredi soir, le roi des Belges a confié à Wilfried Martens une mission «d'explorateur».

On attendait n'importe qui à ce poste, mais pas cet ancien premier ministre âgé de 72 ans, qui a quand même rappelé de bons souvenirs au quotidien «Le Soir». Pour célébrer l'événement, le journal a republié hier un dessin que son caricaturiste fétiche de l'époque, Royer, avait réalisé en octobre 1990. Il représente Wilfried Martens dans les airs, en tenue de paracommando. On ne compte plus les parachutages que «M. Wîîî» a dû effectuer, au cours de sa longue carrière, ni le nombre des croquis qu'ils ont inspiré à Royer.

Né en 1936, Wilfried Martens s'était fait remarquer dans le mouvement flamingant avant d'entamer une carrière politique fulgurante. En 1972, il devient le président du tout-puissant Parti démocrate-chrétien flamand. En 1979, il est bombardé au poste de premier ministre du Plat Pays, sans jamais avoir occupé le moindre maroquin auparavant. C'est lui qui précipitera l'enterrement de la Belgique de papa, en forgeant, en 1980 et 1988, des compromis destinés à accélérer la marche du pays vers le «fédéralisme d'union». Wilfried Martens dirigera, sans interruption, neuf gouvernements jusqu'à 1991, lorsqu'il cédera sa place à son poulain, Jean-Luc Dehaene, qui confisquera quant à lui le pouvoir jusqu'en 1999.

L'histoire risque de se répéter, d'ailleurs: hier, Jean-Luc Dehaene, le «taureau de Vilvorde», qui préside aujourd'hui le conseil d'administration de la banque franco-belge Dexia, était toujours donné favori dans la course au poste de premier ministre. Mais elle demeurait parsemée d'obstacles, que Wilfried Martens a été chargé d'aplanir «rapidement» par le roi Albert II, alors que trois crises - financière, économique et institutionnelle - ébranlent le pays.

Hélas, rien n'est jamais simple à Kafkaland. Tous les partis s'accordent sur la nécessité de la doter d'urgence d'un gouvernement qui devrait tenir le coup au moins jusqu'au 7 juin 2009 quand des législatives pourraient être couplées aux scrutins régionaux et européen. Mais le simple remaniement ministériel qui s'impose dans ce contexte provoque de vives tensions au sein de la très hétéroclite majorité actuelle, où se côtoient les libéraux et les démocrates-chrétiens du côté flamand, les libéraux, les démocrates-chrétiens et les socialistes du côté francophone.

En gros, le Parti démocrate-chrétien flamand (CD & V) tient à conserver le poste de premier ministre, que les libéraux des deux communautés linguistiques, qui forment ensemble la principale formation politique du pays, revendiquent pourtant pour l'actuel ministre des Finances, le francophone Didier Reynders. Ils sont d'autant plus remontés que Jean-Luc Dehaene fait pression sur le CD & V afin que la majorité soit élargie aux socialistes flamands. Ceux-ci veulent exclure Didier Reynders du gouvernement, car il risque de s'attirer les foudres de la commission d'enquête sur l'affaire Fortis, que le Parlement belge a décidé de mettre en place.

C'est ce sac de nœuds que Wilfried Martens a été chargé de débrouiller... /TVE

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