Ni l'enchaînement Stockeu-Haute-Levée ni l'abrupte côte de la Redoute n'ont provoqué de sélection entre les prétendants. A cause notamment du travail de bulldozer de l'équipe CSC de l'Italien Ivan Basso qui roula derrière l'échappée de 26 coureurs partie après 30 kilomètres. Une quarantaine d'éléments se présentèrent ainsi au pied de Saint-Nicolas, le mur placé à moins de 6 km de la ligne, une vingtaine de secondes après le Néerlandais Michael Boogerd et l'Espagnol Joaquim Rodriguez. Boogerd avait pris les devants à 28 km de l'arrivée, sans parvenir à creuser un écart supérieur à 45 secondes.
Même Saint-Nicolas échoua à faire une décision définitive. Tout juste renseigna-t-elle sur la force de Miguel Angel Martin Perdiguero, meilleur homme de Phonak, et de Patrick Sinkewitz, les plus performants pour revenir sur le duo Boogerd-Rodriguez avec l'impressionnant Frank Schleck, et sur les limites momentanées d'Alexandre Vinokourov, très facile jusque-là.
Un regroupement partiel s'opéra vers le haut et, pour la première fois depuis que l'arrivée est jugée à Ans (1992), un groupe d'une douzaine de coureurs se présenta au pied de la longue avenue montant par paliers vers le dernier virage, à 250 mètres de la ligne. Les tentatives de Perdiguero, Schleck et Basso furent enrayées et Valverde, déjà aux aguets dans Saint-Nicolas, n'eut qu'à suivre Sinkewitz à l'entrée de la ligne droite pour lancer le sprint. Dans son sillage, Bettini fut certes gêné quelque peu par Sinkewitz, mais le champion olympique, qui avait payé de sa personne pour relancer la poursuite derrière les attaquants à 12 km de l'arrivée, était un peu juste pour rivaliser.
Le printemps des classiques a marqué la prise de pouvoir de la génération née au début des années 1980 (Pozzato, Boonen, Cancellara, Schleck, Valverde). Autre jeune promis au plus brillant avenir, l'Italien Damiano Cunego a pris la troisième place hier.
Dix-huit des 20 équipes du ProTour ont signé l'acte de naissance de leur Groupement d'intérêt économique calqué sur le G14 du football. Toutes les équipes ont rejoint ce GIE sauf Phonak (en raison de l'incertitude liée à son futur partenaire) et la Française des Jeux.
Les organisateurs de courses se sont en outre prononcés en faveur d'une augmentation des invitations délivrées aux équipes pour que les formations des catégories inférieures puissent s'aguerrir sur le ProTour. Ils demandent «au minimum quatre, si possible six» invitations pour les équipes non-ProTour. / si