Sur le bitume chaux-de-fonnier, ils sont six. La Contemporaine présente son spectacle «Ceci est un appel au monde» à la Plage des Six Pompes. Il y est question d’angoisses, de révolution, d’amour et d’une pandémie mondiale.

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Ce spectacle s’inscrit dans le cadre du programme La Nouvelle Vague de la Plage des Six Pompes. Celui-ci est en place depuis 2014. De jeunes compagnies se frottent ainsi au public et aux professionnels.

L’objectif est que les artistes en ressortent avec des conseils avisés. «Les secteurs du festival distillent leurs compétences et prennent part ainsi à l’émergence de nouvelles compagnies», relèvent les organisateurs.

La Contemporaine, un spectacle comme un appel au monde. Photo: Muriel Antille

En droite ligne de Bordeaux

La Contemporaine a été retenue après avoir fait acte de candidature. Charlotte Goutagny, Joris Mugica, Louise Petit, Antoine Jumeau, Lucie Lacroix et Sebastian Lebrun sont diplômés du Cours Florent, à Bordeaux.

Pourquoi ce spectacle, pourquoi le théâtre de rue? «Pendant la période Covid, tous les théâtres étaient fermés», rappelle Joris Mugica, auteur du texte. «Nous ne pouvions plus nous exprimer. En cours, nous jouions avec des masques. En tant que jeunes, nous nous sommes mis à perdre le sens. Nous ne comprenions plus ce que nous faisions là et pourquoi.»

Nous allons dans la rue. C’est le seul endroit qui nous reste.

Joris Mugica, auteur et comédien de la troupe La Contemporaine

De fil en aiguille, les artistes se sont demandé ce qu’ils pouvaient faire. La décision est venue logiquement. «Nous allons dans la rue. C’est le seul endroit qui nous reste.»

Leur spectacle parle de leurs vies, de leurs angoisses. «Nous avons mis tout ça sur la table. Par le biais de nos paroles, cette catharsis fait ressortir ce que tout le monde ressentait, sans forcément avoir les outils pour l’exprimer. Nous avons tenu à rendre cette parole universelle pour qu’elle parle au cœur de chacun», relève Joris Mugica.

Joris Mugica, l’auteur du spectacle interprété par La Contemporaine. Photo: Muriel Antille

La troupe tourne sa création depuis juin 2021. Et même si la pandémie paraît relever du passé – «encore que», nuance l’auteur – les jeunes artistes entendent mettre des mots sur leur vécu.

Seule en scène

Diplômée de l’Accademia Teatro Dimitri au Tessin, Notsch K. est pour sa part seule en scène. Membre de la Compagnie du Jeu de paume, elle a écrit son spectacle «Les héro·ïne·s finissent toustes mal», sa première création.

Il parle de livres, de vaches, de fuite et ne manque pas de surprendre. Il évolue, aussi. Entre les deux premières représentations du samedi 30 juillet, «j’ai enlevé une partie du texte», confie la comédienne.

«La première était très dure pour moi, très impressionnante. Il y avait un bon public, nombreux. Nous avons fait des erreurs dans son placement. C’était trop étalé. J’étais trop dispersée moi-même. Le spectacle n’était pas adapté à la rue. Lors de la deuxième (réd: celle à laquelle nous avons assisté), je me sentais plus à ma place.»

Je n’avais pas trop envie d’aller dans les théâtres. Je voulais essayer quelque chose d’autre.

Notsch K., comédienne et autrice de la Compagnie du Jeu de paume

Le programme La Nouvelle Vague le permet. «Nous sommes ici pour apprendre. C’est beau d’apprendre en jouant», confie Notsch K. «Nous avons la chance d’avoir des intervenants qui nous font des retours. Peut-être que ça va encore bouger. La rue fait aussi que la forme que nous présentons n’est jamais fixe. Ça dépend toujours du lieu dans lequel on est, de comment réagit le public. Il y a même des choses dans mon texte qui changent en fonction du lieu où je joue le spectacle.»

Notsch K., de la Compagnie du Jeu de paume, est seule en scène. Photo: Muriel Antille

Pourquoi le théâtre de rue? «Au début de l’année, j’ai décidé de faire un 'seule en scène' court. Je n’avais pas trop envie d’aller dans les théâtres. Je voulais essayer quelque chose d’autre. C’est un défi énorme que je viens de relever», répond-elle.

Un film dans la tête

«L’idée m’est venue en février dernier. Depuis que je suis sortie de l’école, je n’avais jamais eu l’occasion de remonter sur scène. J’avais un peu l’impression que si je ne le faisais pas, j’allais oublier mon métier. Ça me faisait peur. Il y a un film qui a commencé à naître dans ma tête. J’ai écrit toute seule et beaucoup revu le texte avec ma metteuse en scène Delphine Delabeye», raconte la comédienne.

«Nous avons joué six fois en juin. Puis, j’ai tout réécrit. Ecrire une pièce, c’est difficile. Je ne suis pas vraiment autrice, je suis comédienne.» Et la trame? «Ça vient aussi d’une volonté de sortir de quelque chose. Je ne sais pas si c’est sortir des institutions théâtrales, d’un certain type de monde ou de système. J’ai eu besoin de valoriser la fuite qui était en moi. Parfois, c’est la meilleure des solutions, et la plus puissante.»

Infos pratiques

«Ceci est un appel au monde», La Contemporaine, mardi 2 août à 1815, Grand Bar et à 21h30, Bar Mojito.
«Les héro·ïne·s finissent toustes mal», Compagnie du Jeu de paume, mardi 2 août à18h15 et 21h45 au collège Numa-Droz.

En savoir plus: Le programme complet de la Plage des Six-Pompes

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