Un autre foot à Mariannenplatz

Hier en début d?après-midi à Berlin, dans un stade pas tout à fait comble, le Chili a battu l?Argentine 3-2.

04 juil. 2006, 12:00

Avant le match, les joueurs se sont rassemblés en un seul groupe, bras dessus, bras dessous, et ont écouté attentivement les conseils d'un homme qui leur a rappelé les règles de base.

Il n'y a pas eu d'hymnes nationaux. Pas d'arbitre non plus. Il n'est pas venu. Mais c'est normal, il n'y en a pas, les joueurs s'arbitrent eux-mêmes. Je vous jure, j'ai vu ça hier.

Ici, on est à Mariannenplatz, dans le quartier du Kreuzberg, à Berlin. Tout près, c'est le quartier turc, tout vivant, qui sent bon, et là, sur la petite place, sous les grands arbres où est installé le terrain, la planète entière est représentée. Vingt-quatre équipes sont venues - invitées par les partenaires du projet - d'Argentine, d'Israël, du Kenya, d'Angleterre, d'Allemagne, du Sénégal, de Colombie, de Norvège, d'Afghanistan, du Rwanda, des Balkans, du Paraguay, du Pérou, de Bolivie, d'Afrique du Sud, de Pologne, du Costa Rica, de Turquie, du Brésil, du Chili et de Berlin (c'est aussi l'Allemagne, mais c'est d'abord la ville qui accueille). Toutes sont formées de jeunes gens que des fondations, des associations, ont pris sous leur aile, liant ainsi le football à un espoir de vie meilleure.

Les mômes jouent avec une sacrée passion, pas très collectivement tant qu'ils sont en forme, mais quand le soleil a bien tapé, que la fatigue est là, on commence à voir plus de passes. Il faut dire que la petitesse du terrain (15 mètres sur 25), avec des équipes de cinq joueurs, gardien compris, ne laisse pas tellement de place pour le jeu construit. Et c'est souvent la vitesse, l'engagement, qui donnent le ton. Des jeunes filles jouent aussi. Certaines aussi bien que les garçons. Mais ce ne sont pas les plus délicates dans les contacts ou les tacles. Par contre elles lèvent aussi la main. Pour dire «j'ai fait faute». En grimaçant, comme les garçons. A noter que les équipes du Ghana et du Nigéria n'ont pas pu venir comme prévu, faute de visas. Les autorités allemandes avaient peur que certains jeunes ne repartent pas au pays. Le foot de rue c'est la paix, certes, tant que les adultes ne s'en mêlent pas trop.