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Turquie: lourdes réquisitions confirmées contre les dirigeants de la mine de Soma

Les huit dirigeants de l'entreprise qui exploitait la mine de Soma en Turquie sont poursuivis pour "meurtres" et risquent chacun une peine maximale cumulée de 7525 ans de prison. L'incendie de la mine avait fait 301 morts il y a un an.

15 avr. 2015, 13:43
Thousands of people, some carrying images of miners, march to protest the Soma mine disaster that killed 301 miners last week, in Istanbul, Turkey, Sunday, May 25, 2014.(AP Photo/Emrah Gurel)

Un procureur turc a confirmé mercredi ses réquisitions contre les huit dirigeants de l'entreprise qui exploitait la mine de Soma (ouest), au deuxième jour du procès des responsables de la catastrophe minière qui a fait 301 morts, il y a un an. Ils sont exceptionnellement poursuivis pour "meurtres".

Comme dans son acte d'accusation, le magistrat a réclamé à la barre du tribunal d'Akhisar des peines de vingt-cinq ans de réclusion par chacune des 301 victimes et de trois ans pour chacun des 162 blessés pour les huit principaux cadres de la société Soma Kömür. Chacun d'entre eux risque une peine maximale cumulée de 7525 ans de prison.

La justice turque leur reproche d'avoir délibérément négligé la sécurité des mineurs et de leur avoir imposé des conditions de travail indignes pour maximiser leurs profits.

En détention provisoire depuis plusieurs mois à la prison d'Izmir (ouest), ces huit responsables sont apparus mercredi pour la première fois dans les box des accusés, sous les huées des familles des victimes.

Accusations récusées

Dans la foulée du réquisitoire, un greffier a lu à l'audience les dépositions du PDG pendant l'enquête, où il récuse toutes les accusations portées contre lui.

"Je ne suis qu'un dirigeant et, comme je n'ai aucune expertise technique, je ne peux être tenu pour responsable de ce qui s'est passé. Personne ne m'a jamais informé du moindre problème", avait-il affirmé au procureur lors d'une déposition. Le juge devait l'interroger dans l'après-midi.

Pour des raisons de sécurité, les accusés devaient initialement être interrogés depuis leur prison et répondre aux questions du tribunal par vidéo-conférence. Mais, confronté à la colère des familles des victimes lors de l'ouverture du procès lundi, le juge a décidé de les faire comparaître devant son tribunal.

Homicides involontaires

Trente-sept autres personnes, techniciens de la mine ou agents subalternes du ministère de l'Energie chargés de contrôler la mine, sont poursuivies pour homicides involontaires.

Le 13 mai 2014, un incendie s'est déclaré dans un des puits de la mine de Soma et propagé à de nombreuses galeries. Il avait provoqué la mort rapide de 301 mineurs, pour la plupart victimes des émanations mortelles de monoxyde de carbone. Cette catastrophe est la plus meurtrière de l'histoire industrielle de la Turquie.

Gouvernement accusé

A deux mois des élections législatives du 7 juin, les avocats des familles des victimes ont annoncé leur intention de mettre en cause à la barre le gouvernement islamo-conservateur. Il est accusé d'avoir couvert les fautes des dirigeants de l'entreprise exploitante, présentés comme proches du pouvoir.

Un an après la fronde antigouvernementale de 2013, l'accident de Soma avait réveillé la contestation contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui chef de l'Etat.

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