Trois militantes européennes du groupe Femen ont revendiqué leur action au cours de leur procès mercredi à Tunis. Elles ont été arrêtées il y a deux semaines lors d'une manifestation seins nus et risquent six mois de prison ferme.
En fin de matinée, le juge a débuté l'audience en interrogeant les accusées - deux Françaises et une Allemande - sur les raisons de leur manifestation seins nus le 29 mai, lors de laquelle elles ont été arrêtées.
"Je suis venue le 28 mai pour faire une manifestation politique et soutenir Amina (Sboui, une militante tunisienne de Femen emprisonnée). On s'est mis d'accord via Internet et nous sommes venues de Paris", a expliqué Josephine Markmann, la militante allemande, recouverte, comme le veut l'usage pour les femmes justiciables, d'un sefsari (le voile blanc traditionnel).
"C'est l'islam qui honore la femme"
"Dévoiler nos seins n'est pas pour créer une excitation sexuelle mais il s'agit d'une forme de militantisme", a déclaré pour sa part l'une des Françaises, Marguerite Stern, alors que les jeunes femmes risquent six mois de prison pour acte de "débauche".
Plusieurs avocats d'associations islamiques demandant à se constituer partie civile ont ensuite été autorisés à présenter leurs arguments, dénonçant avec véhémence l'action de Femen dans ce pays musulman dirigé par le parti islamiste Ennahda.
"C'est l'islam qui honore la femme et lui offre sa liberté et non le fait de se dévêtir", a lancé maître Slah Khlifi. Me Monaam Turki a lui estimé que l'action pouvait être qualifiée d'une tentative d'atteinte à la sûreté de l'État "l'article 71 du code pénal prévoyant un an de prison".
"Menaces" des avocats français
Un autre avocat a cité un proverbe arabe : "Une femme libre préfère être affamée que de manger grâce à ses seins". Selon les avocats des Femen, l'issue du procès pourrait être reportée si le juge reconnaît les associations islamiques comme partie civile. Une première audience le 5 juin s'était déjà soldée par un report et le maintien en détention des trois femmes.
Les avocats français des militantes ont de leur côté indiqué ne pas avoir fait le déplacement à Tunis mercredi car selon eux, les "droits de la défense n'ont pas été garantis".
Ils ont souligné que si les militantes n'étaient pas remises en liberté, ils viendraient "immédiatement à Tunis pour amplifier la mobilisation internationale (en faveur des Femen) surtout dans la perspective de la venue de François Hollande", le président français dont une visite à Tunis se préparerait pour début juillet.
La militante Femen tunisienne Amina Sboui, que les Européennes étaient venues défendre, est en détention depuis le 19 mai. Arrêtée pour avoir peint "FEMEN" sur le muret d'un cimetière pour protester contre un rassemblement salafiste à Kairouan (centre), elle risque deux ans de prison pour profanation de sépulture et six mois pour d'atteinte aux bonnes moeurs.