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Syrie: le médiateur Kofi Annan démissionne et fustige le manque de soutien

Kofi Annan a donné jeudi sa démission de son poste de médiateur de l'ONU. Il invoque notamment le manque de soutien.

03 août 2012, 07:13
M. Annan avait été nommé le 23 février.

 Kofi Annan a démissionné jeudi de son poste de médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie après cinq mois d'efforts infructueux. Il a fustigé le manque de soutien des grandes puissances à sa mission.

"J'ai fait de mon mieux", a déclaré M. Annan à la presse à Genève, mais "la militarisation croissante sur le terrain et le manque évident d'unité au sein du Conseil de sécurité ont fondamentalement changé les circonstances pour l'exercice effectif de mon rôle". "Je n'ai pas reçu tous les soutiens que la cause méritait", a-t-il poursuivi.
 
La cheffe de la diplomatie américaine Hillary Clinton a remercié M. Annan d'avoir assumé la "lourde tâche" de tenter d'établir une transition politique pacifique, pointant le blocage du Conseil de sécurité qui a privé le médiateur des "outils nécessaires pour faire avancer sa cause".
 
Le Conseil de sécurité de l'ONU n'a jusqu'à présent pas réussi à faire pression sur les protagonistes du conflit syrien, et en premier lieu sur Damas, à cause de l'obstruction systématique de Moscou et Pékin, qui ont mis leur veto à trois reprises à des projets de résolutions occidentaux au Conseil.
 
Mme Clinton a souligné que Kofi Annan avait "travaillé sans relâche à la construction d'un consensus", et assuré une fois plus les Syriens du soutien des Etats-Unis. "Nous restons attachés à la mise en oeuvre d'une transition politique rapide telle que conçue par le plan Annan".
 
Plus tôt, la Maison blanche avait rendu Moscou et Pékin responsables de l'échec de M. Annan, jugeant les veto russo-chinois "hautement regrettables".
 
Urgence d'un cessez-le-feu
 
Pour le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, cette démission "illustre l'impasse dramatique du conflit syrien": "L'urgence d'un cessez-le-feu, du départ (du président syrien) Bachar al-Assad et d'une transition politique (...) est plus pressante que jamais".
 
Saluant le travail de M. Annan, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a quant à lui souligné que son plan "offrait toujours la meilleure chance" de restaurer la paix.
 
Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a de son côté jugé que si ce plan de paix avait échoué, c'était "surtout parce que le régime Assad n'avait pas tenu sa parole de respecter l'accord". "Il est plus que temps que la Russie et la Chine arrêtent de le couvrir", a-t-il dit.
 
Le président russe Vladimir Poutine a, lui, qualifié cette démission de "très regrettable", estimant toutefois qu'elle ne devrait pas décourager les efforts pour trouver une solution diplomatique au conflit.
 
Regrettant de même cette démission, la Chine a assuré que Pékin allait continuer de "travailler à une solution politique" au conflit.
 
"Entraves" dénoncées
 
Damas a de son côté accusé les "Etats qui cherchent à déstabiliser la Syrie" d'avoir "entravé" la mission Annan.
 
M. Annan avait proposé un plan en six points prévoyant une cessation des combats et une transition politique. Mais ce plan n'a jamais été appliqué. La "transition" signifie que Bachar al-Assad doit "tôt ou tard" partir, a-t-il affirmé jeudi.
 
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait auparavant annoncé que M. Annan quitterait son poste le 31 août. M. Ban a entamé des consultations avec son homologue de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, pour "nommer rapidement un successeur" car, selon lui, le plan Annan "reste le meilleur espoir pour le peuple de Syrie".
 
A l'ONU, l'ambassadeur français Gérard Araud a déclaré "qu'à (son) avis", la mission des observateurs sur le terrain en Syrie "disparaîtra" à la fin de son mandat le 19 août.
 
Résolution
 
L'Assemblée générale de l'ONU doit voter vendredi sur une résolution présentée par le groupe des pays arabes qui dénonce le bombardement des villes rebelles par l'armée syrienne et réclame une transition politique en Syrie.
 
Cette initiative a une portée essentiellement symbolique puisque l'Assemblée ne peut émettre que des recommandations, contrairement au Conseil de sécurité.
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