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San Francisco victime d'un mal d'un autre âge

L'histoire du passager d'un vol Atlanta-Paris atteint d'une forme très résistante de la tuberculose a remis sous les projecteurs l'existence d'une maladie loin d'être éradiquée, même dans les pays industrialisés. Un mal d'un autre siècle, d'un autre temps. C'est ce qui vient à l'esprit lorsque l'on songe à la tuberculose. D'ailleurs, dans la ville de San Francisco, l'unité de l'hôpital qui lui est consacrée, la «TB Clinic», est à l'image de l'idée qu'on se fait de la maladie: nichée dans un vieux bâtiment de briques rouges, flanqué de dragons pompeux et vieillissants le long des gouttières. Un ascenseur hésitant s'essouffle le long des étages. Unité pour séropositifs, centre de traitement des toxicomanies et de distribution de méthadone et, finalement, tout en haut, la division spécifiquement dédiée aux malades de la tuberculose.

11 juin 2007, 12:00

«Nous sommes installés dans l'ancienne unité pour malades mentaux du San Francisco General Hospital», sourit Jim Hunger, l'assistant de Masae Kawamura, la directrice du centre.

Mais si le décor semble surgi du passé, le travail fourni par cette division médicale est essentiel à la ville. Parce que San Francisco, pourtant si moderne, si proche du high-tech de la mythique Silicon Valley, est, depuis des décennies, lesté par un problème qu'il semble incapable de résoudre: le taux de malades de la tuberculose le plus élevé du pays. Plus de trois fois la moyenne nationale. «Après le recul de la tuberculose dans les années 1950, nous avons pensé qu'il s'agissait d'un problème résolu. Puis, avec l'épidémie du sida, les Etats-Unis ont été frappés par une forte résurgence de la maladie dans les années 1990», explique Jim Hunger.

Mais à San Francisco, l'épidémie du sida n'est pas seule à expliquer le fort taux d'incidence de la tuberculose. L'ouverture de la ville au reste du monde est ici, pour une grande partie, à l'origine du problème. En 2006, les immigrés ont pesé pour plus de trois quarts des cas enregistrés par les autorités sanitaires. Près de la moitié d'entre eux venaient de Chine. La population des immigrés hispaniques, elle, vient en deuxième position.

Il s'agit, pour la majorité des immigrés malades, de contamination ancienne activée ou réactivée. Mais l'immigration n'est pas la seule cause de la persistance de la maladie. En effet, San Francisco est confronté à un défi qu'il cherche, depuis des années, à surmonter: un nombre élevé de pauvres et de sans-abri. Proportionnellement supérieur à toute autre métropole américaine. «L'hébergement, les soins et la nourriture sont essentiels», commente la doctoresse Masae Kawamura, directrice du centre. «De même, il est important d'établir une relation de confiance avec le patient. La dimension humaine est même le facteur primordial du succès du traitement.» Mais si la «TB Clinic» peut se targuer d'excellents résultats, elle n'en est pas moins confrontée à de nouveaux défis. «Le budget annuel qui nous est alloué ne se chiffre qu'à 3,8 millions de dollars», commente Masae Kawamura. «Et nous avons vu nos moyens diminuer encore sous l'administration Bush.» La doctoresse ne se fait-elle guère d'illusions. «Je ne crois pas que la tuberculose puisse être éradiquée. Il y a encore un manque de ressources et de volonté politique. La seule solution pour voir disparaître cette maladie est la découverte d'un vaccin efficace.» /KAS-La Liberté

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