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Retour sur le parcours des 3 sportifs disparus en Argentine

Retour en trois portraits sur le parcours des sportifs français décédés ce lundi dans un crash d'hélicoptère, en Argentine, alors qu'ils tournaient une nouvelle émission de télé-réalité de la chaîne TF1.

10 mars 2015, 11:17
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FLORENCE ARTHAUD, ÉTERNELLE "PETITE FIANCÉE DE L'ATLANTIQUE"

Florence Arthaud, décédée ce lundi en Argentine dans un accident d'hélicoptère, était l'une des plus grandes navigatrices au monde. Victorieuse de la Route du Rhum en 1990, elle avait réussi à ouvrir aux femmes ce milieu réputé macho.

"Ce n'est pas un métier de femme. C'est un univers rude, dur, où on est tout le temps sur les mers", avait confié la navigatrice de 57 ans en octobre, avant le départ de la Route du Rhum, qu'elle regardait en spectatrice.

C'est cette épreuve qui l'avait faite entrer dans la légende de la voile: elle avait en effet remporté en 1990 la plus prestigieuse des transats en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, à la barre d'un trimaran de 18,28 m (Pierre Ier) et face à certains des meilleurs skippers français et étrangers. De quoi justifier encore un peu plus son célèbre surnom de "Petite fiancée de l'Atlantique".

Avide de liberté

Personnage haut en couleur à la forte personnalité et à la langue bien pendue ("grande gueule", diront certains), "Flo" faisait partie de cette génération de marins surdoués et passionnés qui ont accumulé les succès sur l'Atlantique et autour du monde à partir des années 1970, inspirés par le maître Eric Tabarly, Olivier de Kersauson, Alain Colas et leurs équipiers.

"J'ai fait ma fille à 36 ans. Avant, je n'ai pas eu une vie de femme. J'ai eu une vie de patachon et d'aventurière", a-t-elle raconté. Quitte à parfois déraper, comme en 2010, lorsqu'elle avait été interpellée en état d'ivresse au volant dans le Var et placée en garde à vue.

Cette navigatrice dure au mal et courageuse a inspiré de nombreuses autres navigatrices françaises, qui ont écumé toutes les mers du monde dans son sillage. Isabelle Autissier, Catherine Chabaud et bien d'autres sont ses héritières.

Un «miracle» en 2011

Née le 28 octobre 1957 à Boulogne-Billancourt, Florence Arthaud était la fille de Jacques Arthaud, le directeur de la maison d'édition du même nom. Avant de remporter le "Rhum" en 1990, la jeune femme avait participé à trois éditions de cette course mythique, la première fois en 1978, à 20 ans seulement. 

En octobre 2011, elle avait par miracle échappé à la mort, après être tombée de son bateau en pleine nuit au large du Cap Corse. Equipée d'une lampe frontale et d'un téléphone portable étanche, elle avait réussi à donner l'alerte.

Deux heures après son appel, elle avait été récupérée saine et sauve par un hélicoptère, consciente mais en état d'hypothermie. "Ce n'était pas mon jour, il y a eu de vrais miracles", avait-elle alors lâché à son retour chez elle, à Marseille.

 

ALEXIS VASTINE, LE BOXEUR MAUDIT DES JEUX OLYMPIQUES

Ses larmes aux JO de Pékin puis de Londres avaient ému la France du sport: Alexis Vastine, décédé à 28 ans dans ce même crash d’hélicoptère, était considéré comme un boxeur maudit après ses deux terribles désillusions olympiques.

"Son but ultime était de devenir champion olympique et il se préparait pour Rio-2016", a déclaré lundi soir Brahim Asloum, seul boxeur français à avoir été sacré champion du monde (WBA des mi-mouche) et champion olympique, à Sydney en 2000.

"Après sa défaite en 2012 à Londres, il avait traversé une dépression puis avait été blessé à plusieurs reprises. Alexis hésitait à relancer sa carrière", a expliqué Asloum, aujourd'hui cadre à la Fédération française de boxe.

Sentiment d'injustice

Lors de JO de Londres, Vastine avait été éliminé en quarts de finale du tournoi des moins de 69 kg par l'Ukrainien Taras Shelestiuk, sur décision des juges. Malchance incroyable, il avait déjà perdu en demi-finales aux Jeux de 2008 face au futur champion olympique, le Dominicain Felix Diaz, après une décision d'arbitrage controversée.

"Je ne pensais pas que ça arriverait une seconde fois. Je ressens de l'injustice, un gros ras le bol", avait confié à des journalistes le boxeur aux mèches blondes, après être passé une première fois en zone mixte sans s'arrêter, en larmes et incapable de s'exprimer. "C'est de la politique, ce n'est pas du sport", avait-il pesté.

Très en colère juste après la décision finale, Vastine avait frappé de son poing nu dans l'un des coins du ring, récoltant encouragements et applaudissements du public anglais.

Médaillé d'argent au Championnat d'Europe amateur à Moscou en 2010, éliminé par deux fois aux Mondiaux (2009 et 2011) au stade des huitièmes de finale, Vastine, poids welter élégant au physique de jeune premier, avait obtenu ses plus beaux succès lors des Championnats du monde militaires qu'il avait remportés à quatre reprises (2008, 2010, 2011, 2014).

 

CAMILLE MUFFAT, LA DISCRÈTE

Longue chevelure blonde, physique d'amazone et tempérament discret, Camille Muffat, morte lundi à 25 ans avec ses deux compatriotes, a été l'une des plus grandes championnes de l'histoire de la natation française. Elle avait notamment été couronnée par l'or olympique en 2012.

Cette championne discrète avait créé la stupéfaction en juin 2014, en annonçant sa retraite sportive à 24 ans seulement, lassée par les longues heures d'entraînement dans les bassins. L'année précédant les Jeux de Londres, elle avait nagé de 15 à 16 kilomètres par jour, dimanche compris.

C'est aussi un coup d'éclat tonitruant qui l'avait révélée. Spécialiste du 4 nages à ses débuts, elle frappe un grand coup en 2005, alors qu'elle n'a que quinze ans en battant la star incontestée des Bleus, Laure Manaudou. Une aubaine qui deviendra un fardeau pendant deux ans.

"Je n'étais pas du tout prête à ça. Du fait que c'était Laure, tous les médias se sont emballés. C'était difficile d'être comparée tout le temps à elle. On la montait contre moi, j'avais trois ans de moins, je me disais qu'un jour elle allait m'insulter", s'était-elle souvenue en 2012.

Une certaine froideur

En 2010, Camille Muffat fait le choix de se mettre au crawl et là tout s'emballe. En 2012, aux jeux Olympiques de Londres, elle remporte le 400 m libre, l'argent sur 200 m libre et le bronze sur le relais 4x200 m libre.

Les médailles affluent, la confiance grandit mais le tempérament reste le même. Cette timide s'amusait d'ailleurs de l'image froide qu'elle renvoyait, reconnaissant "en jouer parfois aussi".

Quand on lui demandait à quoi ressemblait sa vie, elle répondait: "Rien de bien intéressant". "J'ai une vie bien plus normale que la plupart des gens", glissait-elle dans un sourire.

Différend avec son entraîneur

Son histoire avec la natation a commencé à Nice. C'est là que Camille Muffat est née, a grandi et a découvert la natation à l'âge de sept ans. 

Durant toute sa carrière, elle n'a jamais quitté l'Olympique Nice Natation et celui qui l'a prise sous sa coupe alors qu'elle avait quinze ans, Fabrice Pellerin. Elle avait cependant avoué l'an passé qu'un différend avec Pellerin avait été l'un des éléments déclencheurs de sa retraite.

"Je le mentionne parce que c'est un déclencheur", avait-elle alors expliqué, en convenant qu'il s'agissait d'"une décision soudaine".

Après sa retraite, elle avait dit vouloir profiter de sa vie de couple avec son compagnon, un ancien nageur passé au golf. Egérie d'un grand coiffeur, Camille Muffat n'avait pas envisagé sa reconversion mais ne cela ne la souciait guère: "Je ne sais pas ce que je veux faire mais je pense pouvoir me débrouiller après pour faire quelque chose qui me plaît."

Découvrez le témoignage poignant du compagnon de Camille Muffat:

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