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Point de vue d’Yves Sandoz: «Inquiétants signaux suisses»

«On s’inquiétera dès lors des signaux récemment donnés par notre ministre des Affaires étrangères lors de la visite d’un ministre israélien», écrit Yves Sandoz, professeur honoraire de droit international humanitaire. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

17 sept. 2019, 12:00
La conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du département des Affaires étrangères.

Dans le sillage de Donald Trump, le monde tend à nouveau à être guidé davantage par des rapports de force alors que les problèmes planétaires auxquels nous sommes confrontés requièrent pourtant d’urgence le développement et le strict respect du droit international.

L’on s’inquiétera dès lors des signaux récemment donnés par notre ministre des Affaires étrangères lors de la visite d’un ministre israélien. Quoique cela ne soit pas mentionné dans le communiqué final, le ministre Katz n’a pas caché que deux sujets avaient tout particulièrement motivé sa visite, l’engagement par la Suisse de ne poursuivre en aucun cas des Israéliens accusés de crime de guerre qui se trouveraient sur son territoire; et le démantèlement de l’UNRWA, l’organisme de l’ONU chargé des réfugiés palestiniens.

Le principe de la juridiction universelle, soit l’obligation d’arrêter, puis de juger ou extrader les personnes soupçonnées de crimes de guerre qui se trouvent sur son territoire, est déjà inscrit dans les Conventions de Genève, pour lesquelles la Suisse a une responsabilité particulière puisqu’elle en est le dépositaire. Or si l’application de cette règle est certes compliquée, c’est se moquer du droit international que de demander qu’elle ne soit pas appliquée aux citoyens d’un pays.

On aurait donc souhaité de notre ministre une attitude claire et ferme dans la défense de ce droit.

Quant au démantèlement de l’UNRWA, le ministre israélien savait qu’il aurait une oreille complaisante chez notre ministre qui avait lui-même remis en cause l’institution, victime aujourd’hui de turbulences largement exploitées – sinon provoquées – par ceux qui l’attaquent.

L’UNRWA reste pourtant indispensable tant que l’on n’a pas de solution crédible au problème palestinien et la récente annonce par Benjamin Nétanyahou de son intention d’annexer une partie de la Cisjordanie démontre une fois de plus le peu de cas que fait l’actuel gouvernement israélien du droit international.

On aurait donc souhaité de notre ministre une attitude claire et ferme dans la défense de ce droit, qui donne à notre pays du crédit pour contribuer, comme il l’a fait dans le passé, à des négociations qui permettent enfin de voir poindre une solution au problème palestinien. On est hélas loin d’une telle attitude… comme d’une solution.

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