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Point de vue de François Berger: «Virage intégriste en Asie du Sud-Est»

«En décidant de punir de mort, par lapidation, l’adultère et l’homosexualité masculine, le Sultanat de Brunei a provoqué une indignation internationale», constate François Berger, écrivain, éditeur et avocat neuchâtelois. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

12 avr. 2019, 12:00
Manifestation de mouvements LGBT devant un hôtel londonien, propriété du sultan de Bruneï.

En décidant de punir de mort, par lapidation, l’adultère et l’homosexualité masculine, le Sultanat de Brunei a provoqué une indignation internationale. L’ONU, l’Union européenne, les Etats-Unis, et bien d’autres pays ont condamné cette législation s’inspirant de la charia la plus stricte.

La loi nouvelle prévoit aussi l’amputation d’une main ou d’un pied pour les voleurs. L’outrage au prophète Mahomet est passible de la peine de mort. Certains articles s’appliquent tant aux musulmans qu’aux non-musulmans, ainsi la lapidation pour cause d’homosexualité entre hommes. Quant aux relations sexuelles entre femmes, elles peuvent entraîner jusqu’à dix ans d’emprisonnement!

Le directeur adjoint de l’ONG Human Rights Watch, Phil Robertson, condamne une législation «barbare dans son essence et qui impose des punitions archaïques pour des actes qui ne devraient même pas être considérés comme des crimes».

Les pays appliquant la charia restent sourds aux valeurs de civilisation défendues par l’Occident moderne. Ils sont également sourds aux principes supérieurs aux lois nationales et internationales dont ces dernières s’inspirent. Or ceux-ci s’opposent à toute atteinte à la dignité de la personne humaine.

La question de la peine de mort est à nouveau posée. A quelques exceptions près, les motifs récurrents des abolitionnistes n’empêchent pas son application. Ne faut-il point se réinterroger sur la nature de cette peine? En rechercher les causes profondes que le temps a pu nous faire perdre de vue? N’a-t-on pas oublié que la pire sanction, dans l’Antiquité, était non la mise à mort, mais le refus d’une sépulture au condamné?

Ritspa, concubine du roi Saül, s’est battue pour que ses enfants aient une sépulture. Dans la mémoire cachée ou l’inconscient de certains, la peine capitale ne serait donc pas la plus infamante et cela en prolongerait le maintien. Le jour où elle apparaîtra telle à ses partisans, il pourrait en aller différemment, car ne leur inspirant alors plus que dégoût et rejet.

Si, dans l’ancien protectorat britannique, aucune exécution capitale n’aurait eu lieu depuis 1957, le pire est toujours à craindre. La nouvelle législation a été voulue par le sultan Hassanal Bolkiah qui vient de déclarer que son pays était un lieu juste et heureux.

On croit rêver!

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