Les autorités haïtiennes ont annoncé samedi un plan d'urgence pour faire baisser d'environ 15% le prix du riz, après les émeutes contre la cherté des produits de base qui ont fait six morts. Le même jour, le Sénat a voté la destitution du premier ministre.
Le président René Préval a précisé que la baisse des prix serait en partie financée par le secteur privé haïtien et en partie par des donateurs internationaux.
Les manifestations, parties de la ville des Cayes, dans le sud du pays le plus pauvre des Amériques, ont gagné lundi dernier la capitale Port-au-Prince, où des soldats de l'ONU ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser des milliers de protestataires.
Le chef de l'Etat, critiqué pour l'insuffisance de son action face à l'augmentation du coût de la vie, avait promis cette semaine des mesures pour accroître la production alimentaire du pays et réduire sa dépendance envers les importations.
Il a réaffirmé qu'il n'était en revanche pas question de réduire les taxes sur les denrées alimentaires, expliquant que l'Etat haïtien ne pouvait se permettre de réduire ses recettes fiscales sous peine de mettre en péril des projets de développement, notamment agricole.
Réuni par ailleurs en session extraordinaire, le Sénat haïtien a voté la destitution du premier ministre Jacques Edouard Alexis, en fonction depuis juin 2006. Seize des 17 sénateurs présents se sont prononcés pour son limogeage.
La poussée des prix des aliments a provoqué des «émeutes de la faim» dans plusieurs pays, notamment en Afrique (Cameroun, Côte d'Ivoire, Egypte) et en Asie (Indonésie, Philippines). En Egypte plus particulièrement, les prix du pain et des céréales, produits alimentaires de base, ont augmenté de près de 50% en un an. De mars 2007 à mars 2008, les prix des produits alimentaires ont augmenté en moyenne de 23,5%, ont indiqué les autorités. L'huile a renchéri de 45,2% et les produits laitiers de 16,3%.
Plusieurs facteurs expliquent cette inflation: augmentation de la consommation dans les pays émergents comme la Chine; développement des biocarburants qui réduit la surface des terres utilisées pour les cultures alimentaires; hausse des prix du pétrole et du transport; spéculation sur les marchés à terme. / ats-reuters