Nairobi: le siège a pris fin au centre commercial Westgate

Le président kényan Uhuru Kenyatta a annoncé ce soir la fin du siège du centre commercial Westgate de Nairobi. Celui-ci était occupé depuis samedi par un commando islamiste armé.

24 sept. 2013, 21:16
Les soupçons se portent sur une femme britannique. L'information est démentie par les shebab, qui ont revendiqué l'attaque.

Le président kényan Uhuru Kenyatta a annoncé mardi soir la fin du siège du centre commercial Westgate de Nairobi, après quatre jours d'un carnage qui a fait au moins 67 morts. Il a affirmé que les forces de sécurité avaient "vaincu" le commando islamiste qui occupait le site.

Il est cependant difficile de dire avec certitude, après l'allocution télévisée du chef de l'Etat, si les opérations des forces de sécurité sont définitivement terminées ou si des jihadistes ont pu leur échapper.

"Nous avons été durement touchés, mais nous avons été braves, unis et forts," a déclaré le président kényan. "Nous avons regardé le mal dans les yeux et nous avons triomphé", a-t-il ajouté.

Faisant état de "pertes immenses" pour le pays, M. Kenyatta a annoncé un deuil national de trois jours à compter de mercredi, au cours duquel "les drapeaux seront en berne".

Grenades lancées dans la foule

Un commando islamiste de dix à quinze hommes armés et masqués avait pénétré samedi à la mi-journée dans le Westgate, l'un des centres commerciaux les plus huppés de la capitale kényane.

Les assaillants avaient lancé des grenades et tiré à l'arme automatique sur les employés du centre commercial et la foule de Kényans et d'expatriés venus faire leurs courses du week-end. Ils se sont ensuite retranchés dans le dédale de magasins, d'où ils résistaient, depuis, aux forces de l'ordre.

L'attaque du Westgate avait été rapidement revendiquée par les insurgés islamistes somaliens shebab. Selon leurs dires, ils agissaient en représailles à l'intervention militaire kényane en Somalie, lancée fin 2011.

Un bilan encore provisoire du président Kenyatta fait état de 61 civils et six membres des forces de sécurité tués. "Durant l'opération, trois étages du centre commercial Westgate se sont (partiellement) effondrés et des corps sont toujours bloqués", a encore précisé le chef d'Etat, laissant entendre que le bilan pourrait encore s'alourdir.

Suissesse blessée

Le centre kényan de gestion des crises a rappelé que 175 personnes ont en outre été blessées, dont une Suissesse. Au cours de plus de trois jours de siège, "cinq terroristes ont été tués", a encore dit le président kényan, ajoutant que 11 "suspects (étaient) en détention". "Ces lâches affronteront la justice, tout comme leurs complices et leurs chefs, où qu'ils se trouvent", a-t-il promis.

Selon un membre des forces spéciales kényanes ayant participé aux affrontements, ceux-ci ont pris des allures de parties de "cache-cache" avec les islamistes, avantagés par la configuration du centre commercial: une myriade de magasins, de restaurants et un complexe de cinéma, répartis sur quatre étages dans des galeries donnant, au rez-de-chaussée, sur un grand hall ouvert jusqu'au toit.

Alors qu'approchait la fin du siège, les forces de sécurité ont multiplié les opérations de ratissage du lieu, pour s'assurer que plus aucun des assaillants n'était encore en état de nuire.

"La veuve blanche"

Ce soir, il restait très difficile d'obtenir des précisions sur l'identité des membres du commando. Tout au long de l'opération, des rumeurs ont circulé sur la présence, dans le groupe, de combattants étrangers, notamment américains et britanniques.

L'ombre de la Britannique Samantha Lewthwaite, veuve d'un des kamikazes des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, surnommée "la veuve blanche" par les médias, a notamment plané sur l'attaque. Les shebab ont toutefois affirmé ce soir qu'aucune femme n'avait été impliquée dans l'opération.

L'attaque est la plus meurtrière à Nairobi depuis l'attentat-suicide d'Al-Qaïda en août 1998 contre l'ambassade des Etats-Unis, qui avait fait plus de 200 morts.

Dans une capitale connue comme le "hub" de l'Afrique de l'Est, où vivent de nombreux expatriés rayonnant dans toute la région, le Westgate était régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaïda.

La confusion a régné autour du Westgate ce mardi, avec notamment des tirs à la mi-journée: