La coalition du premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko a perdu la majorité absolue hier au Parlement après la défection de deux députés. Cela pourrait déboucher sur une nouvelle crise politique dans ce pays instable depuis la Révolution orange de 2004.
«Une sorte de trahison a eu lieu. Deux députés ont remis leur requête (pour quitter la coalition) à l'administration du Parlement», a annoncé le président de l'assemblée, Arseni Iatseniouk, un pro-occidental.
La coalition gouvernementale, composée du bloc du premier ministre Ioulia Timochenko et du parti du président Viktor Iouchtchenko, Notre Ukraine-Autodéfense populaire, comptait jusqu'à présent 227 députés - sur un total de 450 - contre un minimum nécessaire de 226. Un des députés ayant fait défection, Igor Rybakov, fait partie du bloc Timochenko, l'autre, Iouri Bout, du parti présidentiel.
Les relations entre les deux partenaires de la coalition ont souvent été difficiles ces derniers mois, de même que les rapports entre le chef de l'Etat Viktor Iouchtchenko et son premier ministre, qui se disputent le pouvoir.
Cette semaine, Ioulia Timochenko assurait vouloir tout faire pour éviter la rupture, allant jusqu'à se comparer à une colombe de la paix. «Le bec fermé, comme sur une peinture de Picasso, je vais porter la branche d'olivier, branche de la paix, malgré toutes les tempêtes», a-t-elle dit. Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko étaient alliés au moment de la Révolution orange pro-occidentale de fin 2004, qui les porta au pouvoir, le premier comme chef de l'Etat, la seconde comme premier ministre. Cette première cohabitation n'a duré que sept mois: des rivalités personnelles et des luttes d'influence au sein de l'équipe au pouvoir ont débouché sur le limogeage de Ioulia Timochenko en septembre 2005 et sa spectaculaire rupture avec Viktor Iouchtchenko. Deux ans plus tard, leurs partis ont remporté de justesse les législatives face aux pro-russes, donnant le coup d'envoi d'une nouvelle union entre Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko, qui est redevenue chef du gouvernement en décembre 2007.
Si la fragile majorité pro-occidentale n'est pas restaurée et aucune nouvelle coalition n'est formée, le président Iouchtchenko «peut dissoudre le Parlement et annoncer de nouvelles législatives anticipées», conformément à la Constitution. / ats-afp