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Les interventions françaises en Afrique engendrent des risques de représailles

Les interventions françaises au Mali et en Somalie pourraient déboucher sur des représailles de la part des partisans d'Al-Qaïda.

13 janv. 2013, 10:50
Les partisans d'Al-Qaïda pourraient tenter de venger, par des actions en France ou contre les intérêts français dans le monde, la mort de jihadistes tués au Mali et en Somalie par des soldats français.

 Les partisans d'Al-Qaïda pourraient tenter de venger, par des actions en France ou contre les intérêts français dans le monde, la mort de jihadistes tués au Mali et en Somalie par des soldats français. Mais les attaques sur sol français restent peu probables, estiment des experts.

Les otages français et les intérêts tricolores, notamment au Maghreb et dans les pays du Sahel, sont en revanche plus vulnérables et pourraient être visés, ajoutent-ils.

"En premier lieu, il y a bien sûr de quoi s'inquiéter pour le sort des otages français au Sahel, qui pourraient être les premiers à payer le prix de l'intervention des soldats français", assure Dominique Thomas, spécialiste des mouvements islamistes à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Samedi, le père de l'un des huit otages français détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et ses affidés, a fait part de son "angoisse croissante", après l'échec d'une opération menée en Somalie pour libérer un autre Français détenu par des islamistes.

"C'est très compliqué et très difficile à vivre", a déclaré le père du captif, enlevé avec un compatriote le 24 novembre 2011 au Mali par AQMI. Il a toutefois souhaité "que tout soit entrepris pour les libérer".

Intervention demandée

Le président du comité de soutien à ces deux otages, Pascal Lupart, a pour sa part réaffirmé la nécessité d'une intervention des forces spéciales françaises pour libérer les otages. "On va me prendre pour un fou (...) Je suis pour la diplomatie et le dialogue, mais a-t-on encore des possibilités de dialoguer avec AQMI?", a-t-il précisé.

Sur les nombreux forums jihadistes, des exhortations, y compris individuelles, à frapper la France se sont récemment multipliées. Vendredi par exemple, un cyber-jihadiste surnommé "Abdul Rahman bin Abdul Rahman" a lancé un appel "à tous les jihadistes musulmans à lancer des attaques individuelles ou groupées contre les Français et leurs intérêts". Il demande que l'on liste sur Internet les adresses des ambassades de France et des cibles potentielles.

Et après la tentative ratée de libérer l'otage français en Somalie, au cours de laquelle au moins un soldat français et dix-sept islamistes armés somaliens sont morts, les rebelles shebab ont menacé la France de "conséquences amères".

"Monter des actions de représailles terroristes en France serait l'idéal pour eux, mais je ne crois pas qu'ils en aient les moyens pour le moment" poursuit Dominique Thomas. "Cela dit, ils peuvent s'employer à les préparer, pour dans quelques mois voire des années. Ils ont le temps".

Cet avis est partagé par Louis Caprioli qui a été, de 1998 à 2004, le sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (DST, aujourd'hui DCRI).

AQMI veut frapper la France

"AQMI a la volonté de frapper en France depuis des années. Son chef Abdelmalek Droukdel lance des appels en ce sens depuis 2007 et n'est parvenu à rien pour l'instant. Je ne pense pas qu'ils aient les structures opérationnelles pour cela", dit-il.

"Mais il y a sur le territoire national des gens qui ont été formés, qui ont suivi des stages d'entraînement terroriste notamment en Syrie et qui pourraient voir dans l'intervention française au Mali un prétexte pour passer à l'action, à court ou moyen terme", ajoute-t-il.

"Les menaces d'AQMI et les appels sur les forums jihadistes sont une sorte de blanc-seing: si vous pouvez faire quelque chose, où que vous soyez, faites-le. Et c'est cela qui est dangereux", poursuit Louis Caprioli.

"L'arrivée de soldats français, d'infidèles, en terre islamiste correspond exactement à un motif de lancement du jihad", ajoute-t-il.

Les deux experts s'accordent sur le point que les représentations et les intérêts français en Afrique sont vulnérables et les plus susceptibles d'être pris pour cible dans le cadre d'opérations de représailles.


 
 

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