Ce dernier a demandé hier aux pays d'Amérique latine et d'Europe que les Farc et l'Armée de libération nationale soient retirées de la liste des groupes terroristes et soient dorénavant considérées comme des forces combattantes. Cette opération a valu à Hugo Chavez un concert de félicitations internationales. Détracteur farouche de la politique américaine, l'ex-parachutiste et initiateur de la révolution socialiste au Venezuela a même vu son action reconnue à demi-mot par Washington.
Jeudi, le président colombien Alvaro Uribe avait reconnu l'efficacité de son homologue vénézuélien dans l'obtention de la libération de deux otages. Il avait appelé la guérilla à une négociation de paix.
Clara Rojas et Consuelo Gonzalez étaient apparues en bonne forme, émues et heureuses à leur arrivée à l'aéroport de Caracas, quelques heures après avoir été libérées lors de cette opération organisée par le Venezuela et la Colombie, en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge.
Clara Rojas a raconté aux médias de Colombie qu'elle et Consuelo Gonzalez avaient marché dans la jungle pendant vingt jours pour atteindre le lieu de leur libération. «Nous étions épuisées et n'avons pas bien dormi», a-t-elle souligné.
Clara Rojas, une avocate de 44 ans, collaboratrice d'Ingrid Betancourt au moment de leur enlèvement par la guérilla, le 23 février 2002, a révélé que les deux femmes avaient été séparées «pour des raisons de sécurité». «Je ne sais plus rien d'Ingrid depuis trois ans», a déclaré Clara Rojas à la radio privée Caracol. L'ex-candidate à la vice-présidence colombienne a aussi évoqué les dures circonstances de la naissance de fils Emmanuel, le 16 avril 2004, pendant que les combats faisaient rage dans la jungle entre les Farc et l'armée. Né par césarienne, l'enfant a eu le bras cassé et elle-même a été malade pendant 40 jours. «Je voudrais déjà pouvoir le retrouver», a-t-elle souligné.
Clara Rojas a rendu hommage à son amie Ingrid Betancourt, qui a confectionné des vêtements pour l'enfant et qui lui chantait des berceuses en français. «Ingrid, courage, j'espère te voir ici bientôt!», a-t-elle lancé. Consuelo Gonzalez, ex-parlementaire de 57 ans enlevée le 10 septembre 2001, a, elle, dénoncé les conditions de détention des otages: «Les hommes ont des chaînes au cou en permanence. Ils se baignent avec, quoiqu'ils fassent ils ont les chaînes, et la nuit, peut-être pour des raisons de sécurité, ils les attachent à un arbre au bout de chaque lit.».
Les Farc se disent prêtes à libérer 43 autres de leurs otages, dont Ingrid Betancourt et trois Américains, contre la libération de 500 de leurs militants emprisonnés. /ats-afp-reuters