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Les Etats-Unis pris au piège de la violence

Après le massacre de Virginia Tech, la société américaine se pose à nouveau les mêmes questions. Pourquoi ces tueries sont-elles possibles aux Etats-Unis? «Massacre le plus sanglant des Etats-Unis», «Terrible tuerie», «Tragédie de proportion monumentale», les médias et le directeur du Virginia Tech, Charles Steger, n'avaient pas de mots assez forts pour décrire le carnage qui a endeuillé le campus de l'Université de Blacksburg, en Virginie.

18 avr. 2007, 12:00

A mesure que les premières informations tombaient sur les circonstances du drame, qui a coûté la vie à 33 personnes, dont celle du tueur, un étudiant d'origine coréenne, la couverture de cet événement donnait pourtant l'impression d'un désagréable déjà-vu.

Tuerie après tuerie - car celle de Blacksburg, bien que la plus meurtrière, n'est que la dernière d'une longue série -, les mêmes questions sont posées et sont, une fois partis les camions satellites, trop souvent reléguées aux oubliettes. Jamais Stephen Prince, professeur au Virginia Tech, spécialiste de la violence au cinéma et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet n'aurait pensé que «mes théories me ramèneraient un jour si tristement à ma réalité».

Cet infatigable décortiqueur de scènes de violence n'a eu de cesse de dénoncer l'impact de la violence à l'écran sur les esprits, les plus jeunes en particulier. «Le matraquage d'images fortes - (réd:) un Américain verrait près de 20 000 morts violentes simulées sur écran au cours de sa vie - désensibilise le spectateur», explique Stephen Prince, «raison pour laquelle les cinéastes travaillent tant leurs scènes de violence, toujours plus longues, plus étoffées dans leur mise en scène et leur montage, avec gros plans, ralentis, mouvements de caméras inattendus, pour capter l'attention».

Rien n'indique que le meurtrier, Cho Seung-Hui, 23 ans, ait été un avide amateur de films violents. Mais pour Stephen Prince et d'autres spécialistes, la violence est devenue omniprésente aux Etats-Unis et, de fait, banalisée.

En 1999, les deux auteurs de la tuerie de Columbine, dans le Colorado (15 morts), étaient accros aux jeux vidéo violents. Leur film fétiche: «Basketball Diaries», avec Leonardo Di Caprio dans le rôle d'un étudiant psychopathe et tueur, dont ils se seraient inspirés pour commettre leur carnage. Les experts avaient alors glosé sur «l'effet copycat», l'effet d'imitation que ces films induisent sur des jeunes gens perturbés, mal dans leur peau, rejetés parfois par leurs pairs.

Dave Grossman, un ancien lieutenant-colonel et psychologue de l'armée américaine, va plus loin et dénonce les jeux vidéo, qui «apprennent à nos enfants le réflexe de tuer» par des techniques qui ne sont guère éloignées de celles utilisées par l'armée elle-même.

En filigrane bien sûr, le débat sur le port d'arme, garantit par le deuxième amendement de la Constitution. Depuis Columbine pourtant, et malgré l'onde choc qu'avait créée ce massacre, aucune nouvelle loi sur le port d'arme n'a été débattue au Congrès. Pire, le moratoire de dix ans sur la vente des armes d'assaut semi-automatiques, adopté en 1994, n'a pas été reconduit en 2004. / MPM-La Liberté

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