Plusieurs milliers de buralistes européens "en colère" ont défilé mardi à Bruxelles. Ils entendaient dénoncer un projet de loi préparé par la Commission européenne pour lutter contre le tabac, considéré comme un "véritable problème de santé publique".
En rangs serrés, entre 2200 et 3500 buralistes allemands, autrichiens, polonais, autrichiens, mais surtout français et italiens, selon la police et les organisateurs, ont dénoncé, sifflet ou cigarette aux lèvres, une Europe qui "tue" le commerce de proximité tout en favorisant "la contrebande et la contrefaçon" par des mesures "inefficaces".
L'exécutif européen a présenté en décembre des recommandations de lutte contre le tabac, qui engendre une grave dépendance et cause la mort de 700'000 personnes chaque année en Europe. Elle préconise notamment de couvrir 75% des surfaces des paquets de cigarettes avec des avertissements imagés sur les dangers du tabac, et d'interdire les arômes forts, comme le menthol.
"Cette directive de la Commission européenne représente une attaque pour notre activité de proximité, qui est aussi importante financièrement pour les gouvernements", a expliqué l'Italien Giovanni Risso, président de la Confédération européenne des détaillants en tabac (CEDT), à l'origine de la mobilisation, présentée comme une première au niveau européen.
"En France et dans beaucoup de pays européen, le marché de la contrebande et la contrefaçon pèse environ 20%. Or, Bruxelles attaque les réseaux officiels de distribution et rien n'est fait contre la contrebande", a renchéri son vice-président et président de la Confédération des buralistes français, Pascal Montredon.
Propositions des buralistes
Tout en prenant acte des "inquiétudes" des revendeurs de tabac, la Commission européenne a rappelé que son objectif principal était de dissuader les jeunes de commencer à fumer, pas de stigmatiser une profession dont les règles sont fixées au niveau des Etats.
"On ne s'attaque aux buralistes, on ne s'attaque pas à la profession. La question des conditions de vente du tabac, c'est national", a insisté Frédéric Vincent, le porte-parole du commissaire à la Santé et à la Politique des consommateurs.
"Nous ne dévions pas de notre proposition, qui est une action contre un véritable problème de santé publique", a-t-il ajouté. La CEDT a soumis mardi au vice-président du Parlement européen, Gianni Pittella, des propositions qui permettraient selon elle de lutter contre le marché parallèle sans pénaliser les buralistes.
"Nous souhaitons la mise en place en Europe d'un réseau de distribution bien identifié (...), l'interdiction de la commercialisation de tabac sur internet, la limitation du transport de tabac d'un Etat à l'autre et un moratoire sur les prix dans les pays où les cigarettes sont les plus chères", a détaillé M. Montredon.