Le pro-russe Ianoukovitch met fin à la Révolution orange

Le pro-russe Viktor Ianoukovitch a remporté l'élection présidentielle ukrainienne, un scrutin que l'OSCE a jugé «honnête». L'adversaire de Ioulia Timochenko, qui n'a quant à elle pas reconnu les résultats, prend ainsi une revanche spectaculaire sur la Révolution orange qui l'avait cloué au pilori en 2004.

09 févr. 2010, 12:25

Selon des résultats préliminaires sur la base de 98,94% des bureaux de vote, Viktor Ianoukovitch a recueilli 48,66% des suffrages dimanche contre 45,75% à la première ministre Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution orange. Le reste des électeurs (4,38%), rebuté également par l'un et l'autre, avait coché la case «contre les deux candidats».

Les deux candidats ont prôné une intégration à l'Europe tout en resserrant les liens avec Moscou, mais la première ministre est considérée comme plus pro-occidentale. Ioulia Timochenko, qui avait électrisé les foules au moment du soulèvement populaire de 2004, a refusé de s'avouer vaincue, tant que le dernier bulletin ne serait pas comptabilisé.

La première ministre, d'habitude plus flamboyante, s'en est tenue hier à un silence assourdissant, reportant à aujourd'hui toute prise de parole. En estimant que le scrutin avait été «transparent et honnête», la mission d'observateurs conduite par l'OSCE l'a toutefois privée d'un précieux argument si elle se décidait à poursuivre la bataille devant les tribunaux.

«L'élection a offert une démonstration impressionnante de démocratie. C'est une victoire pour tous en Ukraine», a déclaré le président de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, Joao Soares.

«Il est temps maintenant pour les dirigeants politiques du pays d'écouter le verdict du peuple et de faire en sorte que la passation de pouvoirs soit pacifique et constructive», a-t-il ajouté, dans un clair appel du pied à la perdante. Viktor Ianoukovitch, 59 ans, a proclamé quant à lui dès dimanche sa victoire, promettant de procéder sans délai aux «réformes pour surmonter la crise économique» qui secoue le pays.

Les résultats officiels représentent pour Ianoukovitch un remarquable retour en grâce, six ans après avoir endossé le mauvais rôle de la Révolution orange, lorsque d'immenses manifestations avaient fait annuler le résultat de la présidentielle, entachée de fraudes, qu'il venait de remporter. Pour la presse ukrainienne, la défaite du camp orange était inéluctable après les crises politiques à répétition et la déroute économique qui ont émaillé la présidence de Viktor Iouchtchenko, lui-même balayé dès le premier tour. La Russie a savouré son plaisir après la défaite du camp orange, qui a osé remettre en cause son influence historique dans la région.

«Le crépuscule orange», titraient hier les «Izvestia». «La Révolution orange ne s'est pas simplement achevée, elle s'est crashée», jubilait le député russe Konstantin Kossatchev. Le Kremlin et le gouvernement russe s'abstenaient toutefois hier de tout triomphalisme, un comportement qui tranche avec celui de 2004, lorsque Vladimir Poutine, alors président, s'était empressé de féliciter Viktor Ianoukovitch pour sa victoire.

L'Union européenne, de son côté, a «hâte de travailler avec le nouveau président» ukrainien, a annoncé la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton. /ats-afp