Le parti pro-russe aurait gagné la présidentielle

L'opposant pro-russe Viktor Ianoukovitch aurait remporté l'élection présidentielle hier en Ukraine, selon de premiers sondages de sortie des bureaux de vote. Le camp adverse a fait état de «fraudes massives» lors de ce scrutin.

08 févr. 2010, 12:04

Viktor Ianoukovitch dispose d'une avance de 3,2 à 4,6 points sur sa rivale, le premier ministre Ioulia Timochenko, d'après des projections réalisées par l'institut GfK ainsi que deux sondages commandés par un collectif d'instituts indépendants et par la compagnie Savik Shuster Studios. «Il est trop tôt pour désigner le vainqueur à la présidentielle», a réagi peu après Olexandre Tourtchinov, bras droit de Ioulia Timochenko. «Malheureusement nous n'avons pas pu éviter des fraudes massives», a-t-il ajouté.

Si sa victoire se confirme, Viktor Ianoukovitch, 59 ans, qui avait été balayé par la Révolution orange en 2004 sur des accusations de fraudes électorales, prendra une revanche spectaculaire sur ses adversaires d'hier.

En novembre 2004, des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue pour contester sa victoire à la présidentielle et obtenir un troisième tour, finalement remporté par le pro-occidental Viktor Iouchtchenko. Viktor Iouchtchenko a depuis été éliminé sans gloire le 17 janvier au premier tour après un quinquennat marqué par des crises politiques à répétition. Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution orange, espère quant à elle reprendre le flambeau des pro-occidentaux.

Pour rassembler l'électorat orange, déchiré par ses tiraillements incessants avec Viktor Iouchtchenko, le premier ministre a joué à fond sur la fibre nationaliste et pro-européenne. «J'ai voté pour une nouvelle Ukraine, une Ukraine belle, européenne où les gens vivront heureux», a-t-elle déclaré en déposant son bulletin dans l'urne à Dnipropetrovsk, sa ville natale. Viktor Ianoukovitch, qui avait promis «la fin de l'époque orange» pendant la campagne, a assuré de son côté avoir «voté pour de bons changements, pour la stabilité et pour une Ukraine forte».

Le président sortant, devenu un ennemi juré de Ioulia Timochenko, a lui renvoyé dos à dos les deux candidats: «je pense que l'Ukraine aura honte de son choix, mais la démocratie existe», a-t-il lancé. Pendant la campagne, Viktor Ianoukovitch et Ioulia Timochenko se sont mutuellement accusés de préparer des fraudes, laissant craindre de longues batailles devant les tribunaux si un écart trop faible entre les deux se confirme.

Le premier ministre a même brandi la menace d'une Révolution orange bis en cas de fraudes. Le camp pro-Ianoukovitch a demandé quant à lui une autorisation de manifester pour 50 000 personnes ce matin devant la Commission électorale à Kiev.

Dans ce contexte, les conclusions des observateurs de l'OSCE (Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe) et du Conseil de l'Europe sur le déroulement du scrutin seront très attendues aujourd'hui.

Au bureau de vote no 73 à Kiev, Elena Poliakova a voté pour le premier ministre. «Ianoukovitch, ce sont les oligarques, c'est une marionnette», estime-t-elle. Iouri, 30 ans, entrepreneur, a opté pour le camp adverse. «Les orange ont été au pouvoir, ils n'ont rien fait», dit-il.

Les deux candidats ont promis d'améliorer les relations avec Moscou, qui avaient tourné au vinaigre sous Viktor Iouchtchenko au grand dam de l'Europe, otage de plusieurs guerres du gaz entre les deux pays. Viktor Ianoukovitch reste toutefois suspecté par l'électorat nationaliste de privilégier la relation avec Moscou, même s'il prône aussi un renforcement de la coopération économique avec l'Union européenne. /ats-afp