Les députés grecs ont adopté samedi le projet de budget 2014. Il est marqué par une baisse de 3,1 milliards des dépenses, sur fond de crispation des discussions de la Grèce avec ses créanciers de l'UE et du FMI insatisfaits du cours des réformes, là où Athènes voit au contraire d'importants progrès.
Réduite à une étroite majorité parlementaire de 154 sièges sur 300, la coalition conservateurs-socialistes, dirigée par le Premier ministre Antonis Samaras, a obtenu 153 votes favorables à la loi de finances qui mise sur un retour de la croissance en 2014.
L'Union européenne a jeté une ombre sur ce dénouement positif. Elle a annoncé dans la soirée que la troïka (UE-BCE-FMI) des créanciers du pays différait sa mission à Athènes au mois de janvier, entraînant le gel du versement d'un prêt d'un milliard d'euros, en discussion depuis septembre, faute d'avoir obtenu la mise en oeuvre de réformes demandées.
Dimanche en fin d'après-midi toutefois, la représentation européenne à Athènes a indiqué que des envoyés de la troïka seront mardi dans la capitale grecque pour tenter de progresser sur les réformes.
Les créanciers de la Grèce "essaieront de clore autant de sujets ouverts que possible. Mais il est peu vraisemblable qu'ils parviennent à les clore tous avant le fin de l'année", a indiqué Panos Carvounis, chef de la représentation de la Commission en Grèce.
Le Premier ministre s'est employé devant le Parlement à réfuter cette vision pessimiste assurant que "la Grèce avait réalisé nombre de réformes que beaucoup pensaient impossibles".
"Moment le plus difficile"
Il n'a pas caché que les discussions avec les bailleurs de fonds du pays, UE-BCE-FMI, étaient "difficiles", évoquant même "le moment le plus difficile", tout en se disant confiant dans l'aboutissement des négociations. Antonis Samaras aurait cependant souhaité parvenir à un accord avant que le pays ne prenne pour six mois la présidence de l'Union européenne le 1er janvier prochain.
Là où la Grèce brandit ses performances macroéconomiques, comme son déficit budgétaire, passé de 15% du PIB en 2009 à 2,2% prévu en 2013, ou l'amélioration de sa compétitivité grâce à une baisse drastique des salaires, ses bailleurs de fonds ne quittent pas des yeux la liste des prérequis au versement des prêts.
Or plusieurs de ces conditions font l'objet de divergences entre la troïka et Athènes: le sort d'un moratoire sur les saisies immobilières en vigueur depuis plusieurs années, l'avenir de trois entreprises publiques déficitaires, le montant du trou budgétaire pour 2014 et les mesures pour y faire face.
Discours alarmiste
Le budget de la Grèce pour 2014 n'a donc pas reçu l'aval de la troïka. Il pourrait être amendé dans les prochains mois avec de nouvelles mesures d'austérité auxquelles le gouvernement grec promet pourtant d'être vigoureusement opposé.
"Ce budget ne sera pas amendé par la troïka (UE-BCE-FMI) mais par le gouvernement du Syriza", le principal parti d'opposition de la gauche radicale, a promis son dirigeant Alexis Tsipras devant les députés. "Voter pour le budget signifie que le désastre va continuer", a ajouté le leader de la formation.
Ce discours alarmiste n'a pas mobilisé les foules devant le Parlement. La traditionnelle mobilisation contre le budget à l'initiative des syndicats a rassemblé à peine 200 personnes contre des milliers les années passées.
PIB en progression
Le budget prévoit en l'état une hausse de 2,1 milliards des revenus tirés des impôts pour une baisse de 3,1 milliards des dépenses, via des coups de rabot dans les secteurs de la santé, des assurances sociales et de l'éducation. Il table sur un PIB en légère progression de +0,6%, après six années consécutives de récession dont une contraction de -4% prévue pour cette année.
La Grèce devrait également se retrouver dans une situation inédite depuis longtemps: être en capacité de subvenir à ses dépenses ordinaires grâce à la réalisation d'un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) d'environ 3 milliards d'euros en 2014, après un premier excédent de 812 millions cette année.
Les responsables grecs commencent à évoquer une sortie des plans d'aide internationaux, à l'échéance du second programme de sauvetage en juillet 2014, et assurent préparer un retour du pays sur les marchés. Quelque 240 milliards de prêts ont été injectés dans le pays depuis son placement sous perfusion de l'Europe et du FMI en 2010.