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Le palace d'Agatha Christie et Hemingway fait peau neuve

Avis aux têtes couronnées en manque de luxe, aux écrivains en quête d'inspiration et aux espions à la recherche de lieux interlopes: le Pera Palace de tous les fastes et de tous les mystères rouvre ses portes demain à Istanbul après cinq ans de rénovations.

31 août 2010, 10:35

Edouard VIII et Elizabeth II d'Angleterre, François-Joseph d'Autriche, Pierre Loti, Alfred Hitchcock, Sarah Bernhardt ou encore Greta Garbo... L'hôtel Pera Palace, à Istanbul, a vu défiler sous ses coupoles dorées des générations de célébrités depuis sa fondation il y a 118 ans. C'est dans ses murs que la romancière anglaise Agatha Christie a conçu son fameux «Crime de l'Orient-Express», publié en 1934. C'est ici aussi qu'Ernest Hemingway aimait, dit-on, savourer son whisky en contemplant les jeux du soleil sur les vagues de la Corne d'Or.

D'autres invités plus discrets y ont élu domicile. Kim Philby, agent double britannique à la solde du KGB, y aurait séjourné à la fin de la Seconde Guerre mondiale, précédé de peu par Elyesa Bazna, alias Cicéron, au service de l'Allemagne nazie, relate l'historien Jak Deleon dans son livre «Le goût de l'ancien Istanbul».

Pour l'universitaire, un séjour de la célèbre espionne allemande Mata Hari, enregistrée sur l'Orient-Express en 1897, est aussi très probable. L'histoire de l'hôtel et celle de ce train de légende qui relia Paris à Istanbul à partir de 1883 sont intimement liées. Véhiculant des voyageurs d'un genre nouveau - hommes d'affaires attirés par la mainmise grandissante des entreprises occidentales sur l'économie ottomane, artistes et aventuriers fortunés en quête d'exotisme -, l'Orient-Express avait besoin d'un havre à la hauteur des attentes de sa clientèle.

Ce fut le Pera Palace, dont la première pierre fut posée en 1892, et qui ouvrit en 1895. L'établissement était alors le plus luxueux de la ville: il était le premier bâtiment, hormis les palais impériaux, à disposer de l'électricité, et le seul à fournir de l'eau chaude au robinet à ses clients. Son ascenseur électrique était inédit en Turquie.

Après 111 ans d'exploitation, l'hôtel avait bien sûr besoin d'une sérieuse cure de rajeunissement. Le palace a fermé ses portes en 2006 pour permettre un inventaire avant le lancement des travaux, en avril 2008. «Il s'agit de la première restauration de cette envergure dans l'histoire du Pera Palace. Tout ce à quoi vous pouvez songer - chaque tuyau, chaque câble électrique - a été changé», explique Pinar Kartal Timer, directrice de l'établissement.

Au rez-de-chaussée, classé monument historique, toutes les pièces d'origine ont toutefois été conservées, minutieusement restaurées par une équipe d'experts. «Notre objectif était de conserver la nostalgie du Pera Palace tout en ajoutant la technologie du 21e siècle», explique Pinar Kartal Timer, évoquant un coût de 23 millions d'euros (plus de 30 millions de francs).

Autrefois au cœur de la vie mondaine et culturelle stambouliote - dans les années 1920, on se pressait dans ses murs pour danser le fox-trot et le charleston, boire du champagne ou assister aux premiers défilés de mode de Turquie -, le Pera Palace aspire à retrouver sa place.

«Nous voulons faire revivre les traditions», affirme sa directrice, annonçant la tenue fin octobre d'un premier Bal de la République. Et l'hôtel renouera demain avec un vieil ami, l'Orient-Express, qui ne sillonne plus la ligne Paris-Istanbul qu'une fois l'an et dont l'arrivée sur le Bosphore est prévue le 1er septembre. /NCH-ats-afp

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