Le miracle italien

Sans enchanter, les champions du monde sont venus à bout de la France, réduite à dix, hier à Zurich (2-0). Grâce au succès des Pays-Bas face à la Roumanie ils se qualifient pour les quarts de finale, face à l'Espagne. La règle des 30 ans a encore frappé à l'Euro. Les Néerlandais ne battaient plus les Italiens depuis 1978, ils les ont étrillés 3-0 il y a quelques jours.

18 juin 2008, 12:00

Depuis la même Coupe du monde en Argentine, les «Azzurri» s'étaient imposés pour la dernière fois (pendant le temps réglementaire s'entend) face aux «Bleus». La longue période de disette a pris fin hier à Zurich (2-0). Une victoire qui aurait pu être anecdotique si la Roumanie avait pris la mesure des Pays-Bas. Mais voilà, même sans la plupart des titulaires, les Néerlandais sont trop forts. Ils se sont imposés 2-0. Corollaire, l'Italie s'en ira défier l'Espagne à Vienne dimanche et le sélectionneur Roberto Donadoni bénéficie de quelques jours de répit. L'ère Domenech, en revanche, touche certainement à son terme.

Superstitieux comme la plupart des footballeurs, Gianluigi Buffon, après avoir détourné le penalty du Roumain Mutu, déclarait: «C'est un signe du destin. La chance va tourner.» Il a eu cent fois raison.

Que l'on s'entende bien, Roger Federer, Tony Parker (assis côte-à-côte et en pleine discussion avant le coup d'envoi), Eva Longoria, souriante, et les autres 30 000 spectateurs du Letzigrund (VIP ou pas), n'ont pas assisté à un grand spectacle. Circulation de balle laborieuse, jeu haché, longs ballons en veux-tu en-voilà... Cette partie ne restera assurément pas dans les annales.

Les Italiens n'ont cependant pas volé leur victoire. Ils ont eu davantage d'occasions - Toni a manqué trois «montagnes», Grosso a touché le poteau sur coup franc - et ont paru moins déboussolés que les Français.

Normal, la prophétie de Buffon s'étant avérée. A la 6e minute déjà, Franck Ribéry se blessait en taclant de manière fautive Zambrotta. La France perdait le principal inspirateur de son jeu. Et puis, il y a eu ce tournant de la 23e. Sur une passe en profondeur de Pirlo, Toni parvenait à se démarquer devant Coupet. Abidal (pourquoi le sélectionneur l'a-t-il aligné en défense centrale?) revenait mais le «descendait» par derrière. Penalty et expulsion du défenseur. C'est dur mais M. Michel a simplement appliqué le règlement. Pirlo - qui, tout comme Gattuso, sera suspendu face à l'Espagne - transformait imparablement.

A partir de là, le destin du match était scellé. Les hommes de Raymond Domenech - dont le coaching a une nouvelle fois paru pour le moins déroutant - ne devaient qu'à la maladresse de Toni de ne pas encaisser plus de buts avant la pause.

Ils se révoltaient quelque peu en début de seconde période, sans véritablement se rendre dangereux. Et ce pauvre Henry de dévier bien involontairement dans les buts de Coupet un coup-franc lointain et a priori anodin de De Rossi (62e). Buffon avait encore le temps de prouver qu' il est avant tout un très grand gardien (quelle parade sur Benzema à la 74e!) et les oreilles se tournaient vers Berne. Les «Oranje» ne pliaient pas, au contraire.

Les «Azzurri» devront toutefois singulièrement hausser le niveau de leur jeu s'ils veulent obtenir le droit de disputer une revanche face aux Néerlandais, en demi-finale. Quant aux Français, le procès est ouvert. / ESA

FRANCE - ITALIE 0-2 (0-1) Letzigrund: 30.585 spectateurs (guichets fermés). Arbitre: M. Michel (Slq). Buts: 25e Pirlo (penalty) 0-1. 62e De Rossi 0-2. France: Coupet; Clerc, Gallas, Abidal, Evra; Govou (66e Anelka), Makelele, Toulalan, Ribéry (10e Nasri, 26e Boumsong); Henry, Benzema. Italie: Buffon; Zambrotta, Panucci, Chiellini, Grosso; Pirlo (55e Ambrosini), De Rossi, Gattuso (82e Aquilani); Perrotta (64e Camoranesi); Toni, Cassano. Notes: la France sans Vieira (blessé). 10e, Ribéry sort sur blessure. 24, expulsion d?Abidal (faute de dernier recours). 44e, Coupet dévie un coup franc de Grosso sur son poteau. Avertissements: 18e Evra, 44e Pirlo (suspendu pour le prochain match), 45e Chiellini, 47e Govou, 54e Gattuso (suspendu pour le prochain match), 72e Boumsong, 85e Henry.