Diane Jeantet
Assis dans la cour intérieure du pénitencier de «Reclusorio del Sur», au sud de Mexico, Enrique Aranda Ochoa a ce jour-là partagé les souvenirs douloureux de ses premières heures de détention, et les multiples épisodes de torture qui s’ensuivirent.
Tout a commencé un soir de juillet 1996. A l’époque âgé de 37 ans, Enrique Aranda est professeur de philosophie à l’université privée jésuite Iberoamericana, président de l’ordre des psychologues du Mexique, mais aussi sympathisant du mouvement insurgé zapatiste. A ce titre, il est l’un des visages de la contestation du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), alors au pouvoir depuis près de septante ans.
Enrique Aranda sort du restaurant quand, suspecté d’avoir volé un sac, il est arrêté par la police. Mais une fois au poste, on l’accuse d’avoir participé à l’enlèvement, quelques mois plus tôt, de la fille d’un sénateur du PRI.
Des menaces
«Ils m’ont couvert la...