A ces illégaux, il faut rajouter les 20 000 visas accordés chaque année par la Sina aux candidats à l'exil dans le cadre des accords migratoires Cuba-USA, et une dizaine de milliers qui se présentent sans visa aux autorités américaines à la frontière mexicaine.
En tout, ce sont ainsi quelque 35 000 Cubains qui quitteront l'île communiste pour les Etats-Unis, auxquels s'ajoutent ceux qui choisissent l'Europe ou l'Amérique latine, où les chiffres, très inférieurs, ne sont pas disponibles.
Loin d'avoir ralenti ce qui est souvent décrit comme un «exode silencieux», les changements survenus dans l'île communiste avec la passation de pouvoir entre Fidel et Raul Castro et les quelques mesures prises depuis en faveur de la consommation ont coïncidé avec une accélération des départs.
Favorisés par les conditions climatiques, les départs illégaux par la mer ont doublé entre février et mars, passant de 219 à 412, selon le détail des chiffres officiels américains.
Largement indifférente ou sceptique à l'égard des perspectives d'évolution politique et économique à Cuba, une bonne partie de la population jeune de l'île n'aspire qu'à tenter sa chance à l'étranger.
La majorité des Cubains interceptés dans le détroit de Floride par les garde-côtes américains est âgée de 18 à 35 ans, selon les statistiques américaines.
La loi américaine réserve un accueil spécial aux Cubains qui parviennent à toucher le sol des Etats-Unis en leur procurant des facilités de logement et de travail ainsi qu'une autorisation de séjour. Cuba accuse Washington de favoriser ainsi l'immigration illégale et le trafic de personnes.
De fait, 70% des Cubains qui ont traversé ces derniers mois les 150 km du détroit de Floride l'ont fait à bord d'embarcations rapides utilisées par les réseaux clandestins basés à Miami, a indiqué la Sina. La traversée coûte de 8000 à 10 000 dollars.
Ces embarcations accostent souvent en plein jour à Cuba sur des plages discrètes où les attendent les candidats au départ, notamment à l'île de la Jeunesse (sud de La Havane), selon les témoignages recueillis.
En outre, les autorités américaines, via un nouveau programme de réunification familiale, vont accélérer considérablement la délivrance des visas aux familles cubaines désireuses de retrouver les leurs aux Etats-Unis. Les délais, qui allaient de sept à dix ans, ont été réduits à quelques semaines.
En dépit des restrictions aux voyages à Cuba mises par l'actuelle administration américaine, les liens familiaux des deux côtés du détroit sont multiples et anciens, les Etats-Unis abritant quelque 1,5 million de Cubains d'origine.
Et nombre d'entre eux soutiennent économiquement leurs familles restées dans l'île par des envois d'argent, les précieuses «remesas», qui représentent près d'un milliard de dollars par an.
Le phénomène avait pris une tournure dramatique avec les exodes massifs de 1980 quand 125 000 Cubains avaient gagné les Etats-Unis à partir du port de Mariel (est de La Havane) et à l'été 1994 où, au plus fort de la crise économique à Cuba, 37 000 «balseros» s'étaient embarqués sur des radeaux de fortunes pour les côtes américaines. / PLE-afp