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Le dernier pied de nez d'Augusto

En s'éteignant paisiblement hier à Santiago dans son lit d'hôpital, Augusto Pinochet vient d'adresser son dernier pied de nez à la justice. Car l'ex-dictateur chilien aura ainsi réussi à ne jamais répondre des crimes commis sous ses ordres au cours des dix-sept années de son régime, de 1973 à 1990.

11 déc. 2006, 12:00

L'acte d'accusation était pourtant bien fourni: plus de 3000 assassinats, un millier au moins de disparitions, d'innombrables cas de torture et d'exils forcés. Plusieurs centaines de plaintes avaient été déposées contre lui par les familles des victimes. Rien n'y aura fait.

Depuis près de dix ans, Pinochet n'a cessé d'invoquer son état de santé déclinant pour se dérober à ses juges. Cette nature si fragile ne l'a cependant pas empêché d'atteindre une longévité enviable. Ce n'est pas là seulement une ironie du sort. A de nombreuses reprises en effet, la justice s'est montrée d'une complaisance certaine à l'égard de l'ex-dictateur, ne serait-ce que par le biais d'un respect par trop scrupuleux des procédures. Une sorte de grève tacite du zèle, entretenue avec un soin tout particulier par les avocats du potentat, passés maîtres dans l'art de jouer du dossier médical.

Alors qu'il était en résidence surveillée à Londres, en 1998, sous le coup d'une demande d'extradition de l'Espagne, Pinochet a été jugé trop faible par les autorités britanniques pour supporter un procès. Il revient ainsi au Chili où les médecins diagnostiquent illico une sénilité. Le voilà donc dispensé de toute comparution. Toute la suite a été du même acabit.

Ce refus d'être jugé pour ses actes correspond parfaitement à la personnalité de celui qui se plaçait au-dessus des lois humaines. Se considérant comme «un ange bienveillant» détenteur d'une vérité absolue, il estimait ne pas avoir à rendre de comptes à qui que ce soit.

Après la découverte de cercueils qui contenaient chacun deux cadavres, ceux de ses opposants, il avait eu ce mot: «C'est une bonne mesure pour économiser de la place dans les cimetières». Tout l'homme est là. / JGi

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