Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le «boucher» khmer est décédé

La mort de Ta Mok, l'un des derniers chefs khmers, diminue d'autant la portée du procès pour génocide qui vient de s'ouvrir. Deux millions de Cambodgiens avaient été massacrés Avec la mort hier d'un des derniers chefs des Khmers rouges, les espoirs de justice se sont réduits pour les victimes. Le tribunal du génocide est engagé dans une course contre la montre pour juger les autres cadres, pour la plupart âgés et malades.

23 juil. 2006, 12:00

Surnommé le «boucher» pour les massacres et les purges sanglantes qui lui sont attribuées, Ta Mok, est décédé à l'âge de 80 ans dans un hôpital militaire de Phnom Penh où son état s'était détérioré depuis la fin juin.

«Nous avons perdu un témoin-clef», a déploré Kek Galabru présidente de Licadho, une organisation cambodgienne des droits de l'homme. «Si ce tribunal prend trop de temps, les anciens cadres khmers rouges mourront un par un, or les morts ne parlent pas...», a-t-elle déporé en appelant à une accélération des investigations. Ta Mok («grand-père Mok»), Ek Chhoeun de son vrai nom, était l'un des deux seuls ex-cadres du régime détenus et inculpés pour génocide et crime contre l'humanité.

Le second inculpé toujours détenu, Kang Kek Ieu, surnommé «Duch», (64 ans) dirigeait la prison Tuol Sleng, située à Phnom Penh, où au moins une quinzaine de milliers de personnes ont été torturées et exécutées.

Le «boucher» était censé être le premier à comparaître devant cette Cour tant attendue d'un coût de 56,3 millions de dollars parrainée par l'ONU. Elle a débuté ses investigations mi-juillet avant la tenue du procès, prévu pour la mi-2007.

Les autres anciens hiérarques, tous vieillissants et souvent de santé très précaire, vivent librement au Cambodge, parmi lesquels l'ancien chef de la diplomatie Ieng Sary (77 ans), l'ancien bras droit de Pol Pot, Nuon Chea (79 ans), ainsi que l'ex-chef d'Etat Khieu Samphan (75 ans).

Faire vite

Pour Youk Chhang, directeur du Centre de documentation du Cambodge qui a réuni les preuves des atrocités du régime Khmer rouge, la mort de Ta Mok pourrait amener les Cambodgiens à remettre en question le bien-fondé du tribunal.

«Imaginez ce que vont ressentir toutes les victimes qui ont patienté tout ce temps - Ta Mok est mort à l'hôpital sans avoir pu livrer d'explications claires sur ce qui s'est passé durant le régime», avertit-il. «Cela fait 28 ans maintenant que nous avons les témoignages des victimes... les magistrats doivent maintenant vraiment avancer rapidement», juge-t-il.

«Nous demandons au gouvernement de ne pas se montrer négligent avec les autres dirigeants, car nous risquerions de perdre beaucoup d'informations», ajoute-t-il.

Aucun regret

Les anciens cadres ont démenti toute responsabilité tout en se déclarant prêts à témoigner devant le tribunal. Mais aucun n'a confié son véritable rôle au sein du régime ultra-maoïste et ultranationaliste de Pol Pot.

Tenu pour responsable d'un des pires génocides du XXe siècle, Nuon Chea, ancien numéro 2 du régime communiste, a récemment affirmé n'avoir «aucun regret» et avoir agi «pour le bien du peuple».

Près de deux millions de personnes ont été exécutées ou sont mortes de faim ou d'épuisement entre avril 1975 et janvier 1979 sous le régime des Khmers rouges, dirigés par Pol Pot, décédé en 1998. / SME-afp

Votre publicité ici avec IMPACT_medias